Libanais hier et français aujourd'hui, nous pleurons nos disparus qui sont tombés sous la barbarie des idiots, qui pensent que massacrer des innocents est un excellent moyen de convaincre les gens de leurs principes.
Du coup petite profession de foi personnelle à direction de toutes les kalachnikovs de la planète:
Nous les Hommes et Femmes du monde,
Nous ne reconnaissons qu'une patrie, l'humanité entière constituée de tous nos frères et sœurs.
Nous ne reconnaissons qu'une religion, celle de tous et d'aucun, inscrite dans l'échange, le partage et le respect de la vie.
Nous ne reconnaissons qu'un type de gouvernement, la démocratie directe et participative, et non l'élection de représentants qui est son contraire.
Nous ne reconnaissons qu'une loi, celle qui protège les faibles des forts dans chacun des cas, et qui ne laisse aucune injustice perdurer sous prétexte de complexité, de tradition ou de peur.
Nous ne reconnaissons qu'une liberté, celle qui garantit l'expression et le choix, et qui s'arrête là où commence celles des autres.
Nous ne reconnaissons qu'un système économique, le partage, qui garantit à tous nourriture, abris, sécurité et accès à la l'éducation et à la culture dans le respect de l'environnement.
Nous ne reconnaissons qu'une arme, le dialogue.
Nous ne plierons devant aucun affront, aucune tyrannie, aucune lâcheté.
Nous sommes debouts.
Les légendes populaires
ont toujours eu un impact important sur la façon d’organiser notre réflexion et
aucune d ‘entre elle n’est aussi bien ancrée dans nos esprits que le mythe
de l’âge d’or. On le retrouve dans beaucoup de cultures antiques : le
paradis des chrétiens, l’âge d’or des grecs et romains, le Satya Yuga hindou...
Mais aussi dans des théories plus récentes : certains considèrent que
l’entre deux guerres était une période bénie, d’autres parlent des années 60
avec nostalgie. N’évoquons même pas les nostalgiques de Vichy... Bref tous ces
braves gens voient une société meilleure dans une période passée.
Du coup, il m’est
impossible de lire désormais un article ou de regarder une émission politique
sans entendre en fond Francis Cabrel avec son accent du sud qui
chante « c’était mieux avant ».
Le mythe de l’âge d’or
est l’un des plus dangereux qui existe. Quelque soit le sujet, il continue de
nous faire penser que la sagesse est ancienne, que les réponses sont dans le
passé et que nos sociétés modernes sont une dégénérescence de formes plus
simples et meilleures. Aucune de ces choses n’est vrai.
Quelques
exemples :
-La famille : la vision idyllique de la
famille homme-femme et un ou deux enfants est une gigantesque arnaque. Elle n’a
jamais existé. Dans les anciennes cultures, les enfants n’étaient généralement
pas élevés par leurs parents. Depuis les premiers siècles et jusqu’à la
désertification rurale, les familles n'étaient pas non plus organisées autour du
couple, mais d’un noyau beaucoup plus large, avec grands parents, oncles et
tantes, cousins et cousines habitant tous sous le même toit.
Impossible de savoir ce que penseront nos arrière petits
enfants de notre façon d’envisager la famille... Peut-être passerons-nous pour
des arriérés pour notre réluctance à officialiser des couples multiples et
variés, peut-être le couple n’existera-t-il plus, peut-être nos enfants seront
élevés en communauté...
Dessin de Chappatte dans le Temps
-L’alimentation et la médecine : là aussi,
un grand sujet du moment, entre OGMs, malbouffe et vaccins.
La première chose qu’il
est important de rappeler, c’est que nous n’avons jamais été en aussi bonne
santé, ni n’avons vécu aussi vieux qu’aujourd’hui. Du coup certains crachent sur
les vaccins qui ne sont pas naturels, sur la bouffe qui était meilleure avant
ou sur la médecine qui a perdu son contact avec la nature (c’est vrai que les
sangsues c’était quand même beaucoup plus drôle), en oubliant que le taux de
mortalité infantile n’est pas passé de 150 à 3,5 en un siècle par miracle. La
médecine n’a de cesse de faire en sorte que les humains vivent de mieux en
mieux et de plus en plus longtemps, ce qui est exactement l’opposé de
quelque chose de naturel ! Pourquoi, du coup, traiter toute nouvelle avancé
dans ce domaine comme une abomination ?
Quant à l’alimentation,
il est clair qu’elle sera amenée à beaucoup changer dans les décennies à venir,
au fur et à mesure que les sujets de l’écologie et du respect des êtres vivants
deviennent de plus en plus importants. Nous ne pouvons plus envisager la
nourriture comme on le faisait il y a un siècle où la surabondance et la faible
population mondiale le permettait.
Quelques pistes :
moins de viande, c’est une certitude, tant le coût de fabrication en céréales
de certaines viandes est élevé (7kg de céréales pour 1kg de viande pour le
bœuf, 5kg pour le porc). Des cultures OGMs, là aussi c’est une
quasi-certitude, mais pas sous leurs formes brevetées à la Monsento, plutôt
avec une banque centrale de cultures accessibles à tous (la version opensource
de la génétique). Et à tous les rebelles anti-OGMs, il suffit juste de rappeler
que les dernières cultures de sorgho et de mil modifiés consomment quasiment 5
fois moins d’eau, de quoi régler le problème de la famine en Afrique.
-Les sciences : le fameux Démocrite au
quatrième siècle avant JC qui connaissait déjà l’atome ou les mayas qui avait
tout prévu (au passage, les mayas ne sont pas une civilisation antique, ils ont
disparu au 16ème siècle)... C’est n’importe quoi !! S'il y a
bien une chose où on peut parler de croissance exponentielle, c’est bien le
savoir scientifique. Nous (les êtres humains, pas juste les scientifiques)
connaissons des centaines de fois plus de choses que les
humains du début du XX ème siècle. Même si nous bâtissons toujours le savoir
scientifique sur les découvertes passées, le phénomène d’accumulation entraîne
irrémédiablement que nos descendants auront accès à de plus grandes connaissances
que nous.
-La pensée : là aussi, on s’imagine toujours
un âge d’or plus ou moins ancien, que ce soit les lumières ou la Grèce antique.
Les grecs étaient des esclavagistes misogynes et guerriers. Quant aux
philosophes des lumières, leurs thèses de la Raison (R majuscule) appliquées à
tous les domaines ont abouti, non seulement à la Révolution et à la guillotine (pas
totalement positif donc), mais aussi à essayer d’appliquer des modèles "raisonnés"
à la société humaine, au hasard le capitalisme, l’eugénisme, etc...
Là aussi, il est clair que la tolérance et l’humanisme ne se
trouvent pas dans le passé.
-La dangerosité du monde : la plupart des êtres humains pensent que le monde est plus dangereux qu’il y a 30 ans, 100 ans ou
500 ans. C’est absolument faux, les chiffres du nombre de morts par armes dans
le monde prouvent exactement le contraire. Jamais l’humanité n’a vécu dans une
période aussi sûre. Et ça ne va aller qu’en s’améliorant !
Et pour les attentats, c’est la même chose : on en recense
beaucoup plus dans les décennies 1970 et 80 qu’en 2000 et 2010 ! Idem pour
le nombre de morts. (l’article de slate ici
avec les chiffres)
Loin de moi l’idée de
prétendre que rien n’est intéressant dans notre histoire, mais les réponses à nos
problèmes de société (écologie, place de la famille, répartition des richesses,
etc...) ne se trouvent certainement pas dans le passé. Il faut voir plus grand
et plus radical que ce qui existe ou a existé.
Du coup, impossible de
ne pas relier la morosité ambiante et l’appel à un retour d’une époque où tout était
meilleur, à cette vision de l’âge d’or. Heureusement et malgré tout ce que l’on
peut en dire, le meilleur est toujours devant nous, il nous faut donc commencer
à regarder de ce côté là et pas toujours en arrière en espérant y trouver des
solutions miracles.
Attaquons
nous aujourd'hui à un problème à la fois scientifique et
philosophique qui nous met devant l'immensité de ce qui nous
entoure.
Une
question légitime, même si elle ne semble pas avoir d'impact sur
notre vie de tous les jours. Quoique... Il existe de façon
quasi-atavique chez l'homme un esprit de pionnier. Depuis l'aube des
temps, l’humanité a toujours cherché à dépasser chaque nouvelle
frontière (merci star trek), chaque nouvelle montagne, fleuve ou
océan. Sauf que nous sommes aujourd'hui dans une impasse et à moins
d’injecter des moyens énormes pour dépasser les 11,2 km/s qui
nous lient à la Terre (vitesse de libération de la Terre, les
physiciens comprendront), nous sommes actuellement coincés dans le
puits gravifique terrestre.
Ce
n'est pas en soi une mauvaise chose, mais l'enfermement nous pousse
(en tant qu'espèce et qu'individu) à nous tourner vers l'intérieur
pour chercher des réponses, ce qui est beaucoup plus difficile que
de franchir la rivière suivante.
Bref,
tout ça pour dire que notre nouvel terre promise se trouve dans le
ciel et que pour l'instant nous devons nous contenter de la regarder
de loin et d'étudier sa géographie. Donc infini ou pas ?
Pour
commencer, il faut s'intéresser à la signification du mot infini,
de ce qu'il implique et s'intéresser un peu à la topologie
des différentes possibilités d'espace qui collent avec nos
observation du ciel. Ouh le vilain mot ! L'une des plus
horribles branches des mathématiques !
La
topologie, c'est très moche. Cela consiste à regarder quel forme
peut prendre un espace multidimensionnel. Une exemple simple qui
explicite un peu la discipline pour commencer : on peut se
demander quelle forme peut prendre un plan, selon si on veut qu'il
soit ouvert (pas de frontières) ou fermé. Un rectangle est un
espace plan fermé et fini par exemple. Mais on peut aussi courber le
plan, pour obtenir un tore par exemple, qui est un espace plan ouvert
et fini (tout comme la sphère) : on peut continuer à marcher
indéfiniment sur sa surface sans jamais rencontrer de "frontières".
Obtention d'un tore à partir d'un rectangle
Maintenant
voyons de la topologie 3D pour les possibles formes de l'univers :
Un
univers infini au sens commun du mot signifierai un espace infini
dans toutes les directions : pas de bords, on peut continuer à
marcher dans n'importe quel sens et toujours trouver quelque chose.
Cette topologie correspond assez bien avec ce que nous observons de
l'univers aujourd'hui. Quelques
remarques sur cette possibilité : un univers infini signifie
que toutes les possibilités (en accord avec les lois physiques qui
le régissent) se réalisent quelque part. Donc si c'est le cas, une
planète très similaire à la notre existe où quelqu'un de très
similaire à vous, cher lecteur, lit un article sur l'infinité de
l'univers et au lieu de le trouver pénible, le trouve absolument
passionnant ! (c'est ce que je me dis pour me motiver pour
écrire). Flippant non ? En
conclusion, possibilité physiquement envisageable mais étrange sur
le plan philosophique.
Il
existe cependant d'autres topologies qui pourraient marcher, et qui
décrirait cette fois-ci un univers "fini". Il suffit de
reprendre l'exemple du tore et de l'extrapoler depuis une géométrie
plane, à une géométrie 3D. Malheureusement, il est impossible de
représenter une telle forme géométrique puisque nous manquons
d'une dimension supplémentaire pour pouvoir le dessiner (le tore
est un plan mais il faut le représenter en volume pour comprendre
son fonctionnement). Là aussi, une telle topologie pourrait coller
à l'univers observable en considérant par exemple que la lumière
provenant d'une même galaxie peut prendre différents trajets
autour du tore et nous donner l'impression d'observer plusieurs
galaxies différentes alors qu'il s'agit de la même à divers âges.
Certains
cosmologues imaginent plutôt un univers "chiffonné",
c'est
à dire composé de sections planes d'espaces séparées par des
régions où les règles de la physique seraient étrangement
différentes.
Un
argument existait autrefois pour prouver que l'univers n'était pas
infini, avec que les premières mesures de la vitesse de la lumière
viennent tout remettre en cause. Il disait à peu près ceci :
si l'univers est infini, alors où que l'on regarde dans le ciel, il
devrait toujours y avoir une étoile à plus ou moins grande distance
qui nous envoie sa lumière. Donc le ciel nocturne devrait être
entièrement blanc. Il ne l'ai pas, cqfd.
Sauf
que la lumière ne voyage pas à une vitesse infini et qu'il peut
exister des étoiles dont la lumière ne nous est pas encore arrivée.
Argument donc désormais reconnu comme faux mais qui illustre l'un
des plus grands problèmes de l'observation astronomique moderne :
la limite que représente la vitesse de la lumière. Il nous est
physiquement impossible de "voir" plus loin que 13,7
milliards d'années lumières et donc de trancher facilement entre
les différentes hypothèses de topologie.
Il
existe cependant plusieurs expériences en cours qui pourraient
répondre à cette question.
La
première s'intéresse à la courbure spatiale de l'univers et
permettrait donc de trancher entre un univers plat et infini ou un
univers courbe et fini. Grâce aux mesures du satellite Planck, on
sait aujourd'hui que cette courbure est très petite. Donc l'univers
est soit très vaste et peu courbé, soit infini.
La
seconde consiste à compiler toutes les galaxies visibles et tenter
de repérer si certaines se ressemblent un peu trop. Cela prouverait
que l'univers est courbé car nous observerions
des objets de plusieurs point de vu différents. Mais avec la
foultitude de galaxies existantes (170 milliards aux dernières
nouvelles), la tache s'annonce longue.
Donc
pour l'instant pas de réponse définitive à cette question
essentielle de l'infinité de l'univers. Si
par malheur l'astronomie vous intéresse, je
vous invite à
aller regarder le
cours d'introduction
à l'astronomie
de l'université de Curtin qui est très instructif et facile
d'accès.
Impossible de trouver un bon titre d’article en français de
nos jours. Pardon à tout les non-anglicistes. Mais il y a cette fois-ci (par
rapport aux 12 fois précédentes…) une bonne raison : le terme
"fallacies" est quasiment intraduisible. Le mieux que l’on puisse
faire, c’est illusion. Nous n’avons
garder en français que l’adjectif fallacieux ("qui est basé sur un mensonge ou
un faux").
Donc que signifie "logical fallacies" ? C’est
un groupe de raisonnement qui ont l’apparence de la logique mais qui n’en sont
pas. Et pourquoi un article sur ces raccourcis ? Simplement parce qu’ils pourrissent
les débats depuis des milliers des années et qu’il est important de savoir les
reconnaître pour pouvoir les contrer.
Depuis des temps immémoriaux, les philosophes se méfient des
raisonnement pseudo-logiques camouflés sous des couches de rhétorique bien
préparée. Déjà Aristote et Platon mettait en garde les politiciens et les
orateurs, et les enjoignaient à n’utiliser que la logique dans leurs discours.
Dans Gorgias par exemple, Platon s’en
prends violemment aux sophistes pour leur manque de rigueur argumentaire.
Pour un peu mieux comprendre, voyons un peu quelques-uns de
ces faux arguments :
- la charge de la preuve : dans une discussion quelconque,
le fait de prouver une théorie revient à celui qui l’affirme, et non pas aux
autres de prouver qu’il a tort. Cet illogisme se rapproche aussi de l’appel à l’ignorance ou argumentum ad ignorantiam pour les
latinistes.
Le fameux " Prouvez moi que j’ai tort" est
l’illustration parfaite de cet illogisme, et a permis à des générations de
pseudo-scientifiques, de religieux et d’hommes politiques d’ancrer leurs idées
dans l’inconscient collectif. Dans le désordre, quelques exemples où l’on a
abusé de cet illusion : les médicaments homéopathiques ("prouvez–moi
que ça ne marche pas !"), Dieu ("prouvez–moi qu’il n’existe
pas !"), la nocivité des OGMs ou des portables ("on n’a pas
prouvé qu’ils n’étaient pas nocifs donc ils le sont !"), …
Malheureusement la science et la logique marche dans le sens inverse.
Toute théorie doit apporter des preuves de sa véracité.
- Le raisonnement panglossien ou non sequitur:
il s’agit de partir d’une conclusion qui s’avère juste et remonter vers
l’explication qui nous arrange. Le nom de Pangloss provient du fameux
professeur de métaphysico-théologo-cosmolonigologie de Candide qui trouvait le
monde tellement parfait, parce que par exemple, une banane est faite pour être
facilement épluchée…
C’est cette même erreur logique qui est à l’origine des théories de fine-tuning
qui sont censées être la preuve de l’existence d’un créateur. Ceux qui les
défendent utilise souvent l’analogie de l’horloge : l’univers est
tellement complexe et bien agencé qu’il est quasiment obligatoire de s’imaginer
qu’une main d’un hypothétique horloger divin est conçu tous ses rouages. Ici,
il est évident qu’il existe beaucoup d’autres explications à la
complexification par étage de l’univers, comme par exemple l’évolution
progressive (sur 15 milliards d’années quand même !) de celui-ci depuis l’énergie
initiale du big bang jusqu’à la vie intelligente sur terre.
En clair, on ne pars pas des conclusions pour arriver à une hypothèse.
- Ad hominem : Ah ! L’attaque personnelle, l’arme
préférée despoliticiens de tout temps. En clair, cracher sur
quelqu’un (sa vie personnelle, son œuvre, ses fréquentations,…) pour miner ses
arguments. Certains exemples sont devenus carrément célèbres : au hasard
(mais pas vraiment) Marine Le Pen qui refuse de débattre avec Daniel
Cohn-Bendit dans les années 2010 sur la dépénalisation des drogues douces au
parlement Européen parce que celui a été accusé de pédophilie dans les années
80 (pas devant la justice d’ailleurs, juste sur la place publique). On peut
citer de la même manière les accusations d’hérésie et de sorcellerie des
scientifiques par l’église quand les thèses de ceux-ci ne leur plaisaient pas.
Pour illustrer celui-ci, je vous conseille cette vidéo de
SMBC qui propose de recourir à l’AK47 pour soigner ceux atteint de ce grand
mal. Même en temps que pacifiste, je suis plutôt d’accord…
- La pente glissante : un type d’argumentation qui est
revenu des dizaines de fois dans l’actualité récente. Il prétend que si on
laisse A arriver, alors Z va se passer, donc A ne devrait pas arriver. Le problème
est que ce raisonnement ne s’intéresse pas au problème étudié mais décale l’attention
sur d’hypothétiques conjectures sans fondement.
L’exemple le plus frappant est le mariage gay, où une grande partie des
arguments consistaient à prétendre qu’en le permettant, on autoriserait ensuite
la procréation pour tous, ou qu’on légaliserait la polygamie, ou pourquoi pas
parfois la zoophilie, la pédophilie...
Sauf que les lois sont justement là pour mettre des barrières sur ce
qui est acceptable ou non. En déplaçant une barrière, on ne fait pas tomber
toutes les autres !
- Couper la poire en deux : C’est prétendre qu’il existe toujours
un compromis entre deux points de vu extrêmes. Dans la plupart des cas, un
accord sur un problème est quelque chose de souhaitable mais deux points de vu
opposé ne se valent pas forcément, et le milieu de ces deux arguments n’a parfois
aucun sens. Un compromis entre la vérité et un mensonge est encore un mensonge !
- L’argument d’autorité supérieure : Ici, plusieurs cas,
comme en appeler à Dieu, à une autorité (par exemple scientifique) ou au
peuple. A chaque fois, cet argument consiste à prétendre que Yavhé, la
multitude ou Aristote ont toujours raison. Et à chaque fois ce n’est pas un
argument, juste un bouclier derrière lequel se cacher.
- L’anecdote : Le plus utilisé des arguments fallacieux
chez les politiciens. Quand des statistiques ne nous plaisent pas, on les
remplace par des histoires personnelles. C’est le fameux "Vous savez, moi,
dans ma circonscription, j’ai une mère de famille qui s’est fait attaquée par
des voyous" dans le débat sur l’insécurité. Oui, il existe toujours des
faits divers de violences et de délinquances en France, mais les chiffres ne
mentent pas, elle a baissé énormément ces trente dernières années !
Lorsqu’on argumente, seuls les chiffres comptent.
Il existe beaucoup d’autres illogismes argumentaires : en appeler
aux émotions du public, confondre naturel et bon, les faux liens de causalités,
juger un argument sur sa provenance, etc… Je vous conseille le site yourlogicalfallacyis.com
qui en détaille encore un certain nombre.
La prochaine fois que vous écoutez un débat télévisé, n’hésitez pas à
faire le compte des vrais et faux arguments. Vous comprendrez vite que les
politiciens ne s’intéresse pas énormément à la vérité mais plutôt à une version
déformée qui les intéresse.
Sur ce je vais m’écouter un peu de Arctic Monkeys pour me déstresser.
Retour dans des domaines moins politiques pour ce nouvel
article, je m’attaque aujourd’hui aux notions de bien et de mal (minuscules
dans les deux cas).
Alors, il existe plusieurs définitions de ces termes, depuis
le très judéo-chrétien passage sur la balance qui détermine la destination
d’une âme, jusqu’au beaucoup plus prosaïque respect de la loi qui nous permet de vivre en
communauté.
Il faut distinguer donc plusieurs types de bien ou de mal. Oublions
tout de suite les notions de Bien supérieur ou de Mal suprême (avec majuscules
cette fois-ci). Si ces extrêmes existent véritablement, ils ne sont pas à la
portée des petits singes que nous sommes. Ils sont soit d’ordre divin (réel ou
imaginaire) soit des limites philosophiques. De plus, ces qualificatifs servent
en général à autoriser des actions qui vont à l’encontre du bien commun.
Car il s’agit bien de cela : de bien commun, ou de mal
à son encontre. Et c’est là que ça se complique.
D’abord le bien commun est-il bonheur collectif (d'une
communauté) ou général (de ses membres) ? Quel est celui à prioriser ?
L’un peut-il aller à l’encontre de l’autre ? Les deux restent évidemment
intimement liés. Notre société a fait le choix (pas vraiment conscient) de très
largement promouvoir le bonheur personnel, en particulier dans son aspect
matériel. Et étonnement, de ne pas assurer son minimum pour tout le monde !
Nous laissant littéralement tremblant sur l’échelle sociale, tentant d’agripper
le barreau suivant sans tomber tout en bas…
Le bien commun des individus est garanti par les lois et
elles établissent les libertés de chacun, qui s’arrêtent où commencent celles
des autres.
Ensuite il est évident que ces notions de bien et mal dépendent
de la culture dans lesquelles ont les emploient. Pourquoi ? Simplement
parce que les savoirs que nous inculquons aux enfants comprennent la base des
règles de vie en société, qui comportent les impératifs moraux, les actes
condamnables ou les règles à ne pas transgresser.
Et comme la culture évolue avec le temps, il n’est pas très
imprudent de s’imaginer que le spectre des valeurs évolue aussi.
Du coup ce que nous prenons pour des valeurs absolues sont
en fait très variables à l’échelle de quelques siècles, voir décennies. Des
milliers d’exemples existent, comme le droit des femmes, notre organisation
sociale, la place de la religion dans la société ou le respect de la vie. Dans
tous ces domaines (et bien d’autres), il existait des absolus, bons ou mauvais,
qui ont complètement changés, simplement parce que le temps a passé et que les
humains sont devenus plus savants ou conscients. Difficile après cela d’imaginer
les limites du bien commun dans quelques siècles. Nos descendants
trouveront-ils horrible que nous consommions de la viande ? Ou que nous
ayons eu des cellules familiales aussi rigides ?
Comment, du coup, considérer que les impératifs moraux qui
nous façonnent sont valides, puisqu’ils risquent de changer d’ici quelques
années ? Faut-il se raccrocher au passé et toujours défendre les valeurs
de nos parents, sans remettre en cause quoi que soit, mais en ayant la
certitude d’utiliser des règles éprouvées ?
La réponse est non, évidemment non.
L’amélioration des conditions de vie humaine, principalement
provoquée par nos progrès scientifiques, va de pair avec une conscience de plus
en plus développée issue de nos avancées éthiques et philosophiques.
Contrairement à ce que beaucoup pensent cependant, le progrès ne s’effectue pas
en ligne droite mais plutôt en arbre. Et toutes les branches ne sont pas aussi
touffues les unes que les autres, ni n’avancent à la même vitesse. Des choix
(pas très conscients encore une fois) sont à faire quant à l’orientation
éthique de la société. Les débats sur le mariage homosexuel, la légalisation
des drogues douces ou le rallongement de la durée de cotisation à 62 ans ne sont
que la partie émergée de l’iceberg. La crise financière et économique récente (directement
liée à notre définition du bonheur personnel et des moyens de l’atteindre) commence
à engendrer une réflexion sur l’organisation du monde, l’assurance d’une
sécurité matérielle pour tous ou encore la vraie définition d’une démocratie.
Le bien commun n’est pas qu’une idée abstraite. Il définit,
plus que ce qui est acceptable dans une société, ce qui est nécessaire à chacun
de ses membres. Il serait peut être temps de réfléchir exactement à ce que nous
voulons pour nos enfants et le faire savoir…
Et pour finir, un petit dessin pour illustrer le niveau de
la campagne présidentielle américaine…
Bien, j’avais écrit un article
il y a quelques mois pour cracher sur les électeurs du front national suite aux
élections cantonales de mars 2011. Je réitère donc mes insultes à l’immense
bande de crétins qui votent à l’extrême droite. Au moins, il est bon de se
rendre compte qu’il y a un peu de constance dans ce monde de brutes…
L’idéologie du FN ne brille pas vraiment par sa nouveauté,
en écoutant Marine hier soir, j’ai eu presque peur qu’elle glisse les mots "travail,
famille, patrie" dans son discours et appelle à soutenir le maréchal coute
que coute… Tous les sujets abordés par l’extrême droite sont vieux et
dépassés : depuis le racisme primaire contre les étrangers jusqu’à la
défense des "vraies" valeurs françaises (qui sont quoi au
juste ? Jeter dehors les réfugiés des révolutions arabes et maintenir des
dictateurs en place ?) en passant par la ruralité et la place de la France (F
majuscule important, de préférence de taille XXL) dans le monde. Ce qui est
intéressant, c’est que ces sujets étaient déjà démodés il y a 75 ans, alors
pourquoi font-ils recette aujourd’hui plus que jamais ?
D’abord parce que nous, humains en général, sommes des
imbéciles et que nous imaginons toujours que notre âge d’or est derrière nous.
Pour les Le Pen, celui-ci se trouve il y a un siècle, avec un pays colonialiste,
des valeurs familiales bien rigides et un patriotisme absolu. Et ce genre d’idylle
parle au peuple, c’est une fable où les petits villages sont bien tranquilles
et calmes, où les enfants vont à l’école non-mixte en uniforme, où le gendarme
fait un grand salut aux ouvriers qui partent travailler. Bien entendu tout cela
est faux, les progrès sociaux, économiques, scientifiques et éthiques sont
absolument indéniables depuis le début du XXème : l’utopie d’une société
meilleure est dans le futur, pas dans le passé…
Ensuite, impossible de savoir précisément si l’affaire Merah
a joué un rôle dans cette poussée frontiste, mais on a déjà vu des psychoses
faire basculer des élections. Passons immédiatement sur l’horreur de ces
évènements, s’attaquer à des enfants est de la barbarie pure et simple, et
révèle en plus d’une lâcheté sans borne. Même si l’émotion provoquée par ces
actes est immense, il est important d’analyser aussi objectivement les faits :
je me fais définitivement l’avocat du diable mais il est à peu prêt sûr que si
les meurtres avaient liés à un psychopathe néo-nazi, les dernières semaines de
campagne n’aurait pas eu la même orientation et le résultat aurait pu être différent.
Pourtant ces meurtres auraient été les mêmes, issus de la folie d’un homme qui
se croyait investi d’une idéologie ayant plus de valeur que la vie des hommes.
L’opinion du peuple est toujours changeante. Le fait que la
majorité ait toujours raison (Argumentum ad populum, pour les non-latinistes)
ne marche que dans le cadre d’une société bien informée, mature et réfléchie.
Nous vivons dans une qui n’est aucun des trois.
Pour finir sur une note encore plus acerbe, un petit message
à tous ceux qui n’ont pas voté hier et qui se plaignent ce matin des
résultats : la prochaine fois, essayez donc de vous rappeler que dans
certains pays frontaliers l’abstention est un délit (passible de 500 à 1000€
d’amende pour récidive au Luxembourg) et servez-vous un peu de ce droit
fondamental pour lequel sont morts des milliers de citoyens.
Notre charmante république, comme il a déjà été longuement
débattu sur ce site, n’est pas aussi démocratique que ce à quoi on pourrait
s’attendre. Une des raisons majeures de ce problème est le manque de contrôle
du citoyen sur les institutions et le gouvernement.
En fait, la république est constituée principalement de
trois pouvoirs (cf Alain):
-Le pouvoir exécutif qui est monarchique,
principalement. L’exécutif, c’est l’action, et par voie de conséquence, il faut quelqu’un qui commande. D’autant
plus qu’avec des élections présidentielles très espacées, ils n’existent que
peu de moyens de pressions sur un gouvernement en place.
-Le pouvoir parlementaire et juridique lui plutôt
aristocratique et oligarchique. Sa place plus ou moins prépondérante selon les
pays provient principalement de la spécialisation et de l’expertise que
requièrent la gestion et l’administration de l’état. Et ne nous voilons pas la
face, la France possède un système administratif gargantuesque.
-Le pouvoir de contrôle démocratique exercé par
le peuple, autrement dit les élections et les referendums. Et oui,
malheureusement, la démocratie n’est actuellement qu’un moyen de contrôle sur
le gouvernement, pas un pouvoir décisionnel. J’en veux pour preuve le nombre de
referendums de ces 20 dernières années : seulement 2.
Un autre moyen de faire
valoir ses opinions existe pour le peuple : la manifestation ou la grève
selon les cas. Le problème c’est que cette capacité n’est pas reconnue par les
deux autres pouvoirs et n’aboutit pas nécessairement à un contrôle. Il
représente plutôt une action révolutionnaire qui s’inscrit en dehors d’un
fonctionnement normal de la République. Oui autrefois on coupait la tête de nos
monarques, aujourd’hui, on marche jusqu’à Bellecour, mais le principe reste le
même.
-Certains voudraient voir un quatrième pouvoir
dans les médias. Ce n’est pas toujours évident. La plupart des journalistes ont
beau s’en défendre, ils restent quand même des êtres humains normaux avec des
convictions, souvent sujettes à une pensée asymétrique féroce. Donc on ne peut
pas vraiment parler d’un organisme indépendant qui ne ferait qu’enquêter et
informer en toute objectivité. Il faut sans doute le rapprocher là aussi d’un moyen de contrôle
du peuple sur le gouvernement et l’administratif, avec ses dérives.
-Passons sur le pouvoir économique, qui influence
de plus en plus les décisions des deux premiers. Sans doute le seul vrai
pouvoir qui émerge des dernières décennies d’histoire. J’y reviendrais dans un
futur article.
Tous ces pouvoirs s’affrontent constamment.
Le monarchique considère que l’oligarchique est trop lent et
discutaille trop. Il veut plus d’action et de prise de positions. De même il
trouve que le pouvoir de contrôle du peuple est trop aléatoire et changeant. L’oligarchique
accepte mal de recevoir des ordres du monarchique ou du peuple, considérant
qu’il est le plus spécialisé donc le mieux à même de répondre aux problèmes.
Le peuple quant à lui, dépositaire d’un pouvoir démocratique
réduit à peau de chagrin, essaie principalement de survivre, désormais
relativement conscient que ses choix en matière d’élections n’influence que peu
l’orientation de la société. Noal Chomsky, dans sa grande connaissance des
affaires mondiales, n’arrêtent pas de répéter que nos démocraties sont en fait
des états despotiques extrêmement retors, qui fabriquent du consentement à coup
de médias de masse et qui excluent le citoyen d’un quelconque rôle
décisionnaire en oubliant bien consciencieusement de lui expliquer les
décisions qui sont en train d’être prises…
De nouveau quelques pensées sur notre belle république à la
veille d’élections qui vont une fois de plus modifier (un peu) nos vies pour
les 5 prochaines années. Comme d’habitude, je vais essayer de rester neutre et
impartial (bien que ça devienne difficile) et parler de sujets que peu ont pour
l’instant abordés.
Les effets pervers de l’élection. Les élus de la
République semblent tous penser que l’accès à leur fonction par suffrage leur
donne un chèque en blanc pour la durée leur mandat. Notre très cher (plus pour
longtemps) président lui-même répétait à de nombreuses reprises qu’il avait été
élu pour agir. En opposition à quoi ? Réfléchir ? Demander l’avis de
ses concitoyens ? Faire un peu d’explications et donner une vision globale
de sa politique ?
La seule voie vers une vraie démocratie passe par des referendums
constants. Et au passage, il est temps pour nos dirigeants d’arrêter de se cacher
derrière l’excuse de la complexité de l’état pour éviter la mesure précédente.
Tout le monde a un avis sur les questions de société et est capable d’équilibrer
un budget (contrairement à tous les gouvernements de ces 20 dernières années).
Ne pas mélanger le pouvoir spirituel et temporel.
C’est un vieux débat, lié à la séparation de ce qui concerne l’âme et les
choses bassement terrestre, et qui provient de notre héritage judéo-chrétien.
Les dirigeants ont le pouvoir temporel, mais voudrait être adulés, aimés et
finalement idolâtrés. Et nous voudrions leur donner tout ça, parce que la
gloire de la nation est quelque chose qui résonne dans le cœur des hommes. Sauf
que c’est exactement la route de la perte de liberté, de la pensée asymétrique
et du nationalisme.
Il y a une grande différence entre obéissance et adhésion
aveugle. Nous devons obéissance à l’état pour éviter l’anarchie mais la liberté
qui nous appartient passe par la résistance et l’expression de nos opinions,
sans quoi nous tombons dans la tyrannie.
Nous ne devons pas aimer nos dirigeants, et encore moins nos
candidats. Et ils ne doivent pas chercher les applaudissements de la foule.
"L’esprit est ambitieux; tel est le ressort de toute
l’injustice." Cette maxime d’Alain est le fondement par exemple de l’existence
d’une classe politique professionnelle et spécialisée (pour ne pas dire presque
héréditaire).
Tout le monde veut diriger, et plus on est intelligent, plus
ce besoin est fort, ne serait ce que pour le faire mieux que le ou les crétin(s)
actuellement en place. C’est à la fois très dangereux et très naïf. D’abord
parce que cela pousse certains à vendre leur âme pour une parcelle de pouvoir, ensuite
parce que cette nécessité de commander entretient l’illusion qu’il est normal d’avoir
une seule personne à la tête d’un état. Nous sommes dans une démocratie, bon sang !
Cela fait longtemps que nous aurions dû dépasser le stade de la dictature
éclairée.
Petite remarque pour finir, au risque de briser mon vœu de
neutralité dans cet article pré-élection : je ne crois pas que les
problèmes économiques français proviennent de voyous étrangers trafiquants de
drogue qui se payent des berlines avec les allocs de leurs 12 enfants issus de trois
femmes différentes. Si vous trouvez que la caricature est un peu poussée, félicitations !
Vous avez plus de matière grise qu’un régiment complet d’électeurs du FN. A bon
entendeur, salut !
Et parce que je me suis (en partie) rasé cette
semaine, l’histoire cachée derrière le fameux rasoir d’Occam :
Petit article en
cette période de début de campagne présidentielle sur un sujet difficile :
l’islamisation des pays arabes, principalement de ceux sortant de leurs
printemps. Pourquoi est ce que ça a de l’importance à quelques mois de
l’élection qui nous donnera un nouveau chef d’état ? Parce que le rapport
aux nouvelles démocraties du Maghreb, l’immigration qui en vient et notre
vision de nos propres compatriotes musulmans sont trois sujets dont on entendra
parler, ne serait-ce que dans le débat droite – extrême droite.
Certes, on peut
trouver préoccupant l’émergence de tout un tas de partis islamistes au moyen
orient. Est-ce pour autant une raison d’intervenir partout, d’imposer des
sanctions ou de s’inquiéter de l’immigration qui résulte des changements occasionnés ?
Donc comme toute
dissertation qui se respecte, faisons un plan thèse-antithèse-synthèse.
Quelle est la règle
numéro un de la politique étrangère ? Pas d’ingérence dans les affaires
internes d’autres pays. Voilà, c’est dit.
Bon, la réalité est un
peu plus compliquée. On ne peut décemment pas laisser des peuples se faire opprimer
ou décimer en ayant la conscience tranquille, c’est pourquoi il était temps
d’intervenir en Lybie. Mais la diplomatie doit être la première étape, pas
comme les gros sabots américains en Afghanistan et en Irak par exemple.
Mais lorsqu’un
peuple s’est engagé sur le chemin de la démocratie en gagnant ce droit par une
révolte qui lui a couté de nombreuses vies, de quelle autorité nous
prévalons-nous de juger le gouvernement qu’il élit ? Et si ce passage par
un gouvernement allié aux religieux était nécessaire ? N’oublions pas que
dans tous ces pays, le pouvoir qui était en place (souvent d’origine militaire)
ne s’appuyait pas sur les islamistes et même plutôt les combattait, voir même
opprimait les religieux. Difficile dès lors d’en vouloir à une population de
vouloir retrouver ses racines. Le même phénomène s’est déjà produit en Russie,
où à la suite de l’effondrement du communisme, on a assisté à un grand retour
vers la religion orthodoxe.
D’un autre côté, il
est difficile de ne pas s’inquiéter pour l’évolution de la pluralité, des
rapports aux autres cultures ou religions et des droits de l’homme dans les
pays concernés, en particulier ceux de la femme (si vous trouvez une
contradiction dans cette phrase, c’est que nous vivons dans un pays de
misogynes linguistiques). Et là, on a beau camoufler ça sous le beau manteau de
la culture et tenter de laisser faire, on peut être sur que des retours en
arrière sont à prévoir. Oui, par exemple d’un point de vu sociologique et
culturel, les femmes obligées de se voiler, qui ne peuvent gérer leur argent et
leurs biens, et qui sont considérées subordonnées aux hommes, c’est de
l’obscurantisme. De même que l’ostracisation de son voisin parce qu’il n’a pas
la même religion ou les mêmes idées politiques (ça marche aussi chez nous).
Alors, on en
arrivera peut être pas là, mais les extrémistes de tout poil sont toujours à
surveiller, en particulier lorsqu’ils se font appeler Salafistes. Ces fameux intégristes
venus d’Arabie Saoudite (où ils se font
appeler wahhabites) représentent aujourd’hui le courant le plus dur de l’Islam.
Et grâce à l’argent du pétrole, ils tentent de répandre leur doctrine dans le
monde musulman, profitant des printemps arabes comme ils avaient profité de la guerre
en Bosnie : on leurs doit par exemple
la construction de la plus grande mosquée en Europe (la mosquée du Roi Fahd à Sarajevo).
Bon, pour faire
avancer un peu le schmilblick, il faut se tourner vers les dernières infos et
vers les grands partis religieux qui sont majoritaires en Egypte, Tunisie et
Maroc, respectivement "Liberté et Justice", Ennahda, et le "Parti
de la justice et du développement" ainsi sans doute que celui des prochaines
élections libyennes.
Aucun d’entre eux ne
brigue pas la présidence de leur pays. Malgré le fait qu’ils soient chacun
arrivés premier dans élections post révolution et puissent numériquement
imposer le candidat de leur choix, ils ont tous décidé de former un
gouvernement d’union avec les autres partis. De plus, tous ont fait le choix de
conserver des relations diplomatiques cordiales avec l’occident (et en
particulier les Etats-Unis). Enfin, en Egypte, comme en Tunisie, ils se sont
opposés aux Salafistes.
Est-ce que tout ça n’est
pas exactement le comportement que l’on attend de grands partis républicains ?
Du coup, il semble bien que démocratie et Islam ne soient pas incompatibles, contrairement
à ce que nous chuchotaient nos peurs occidentales (pas nécessairement infondées).
Ces nouveaux gouvernements sont tout jeunes, il faut peut être commencer par
leur donner le bénéfice du doute.
Et pour finir, un paragraphe rapide sur les remarques de
certains partis français (plutôt à droite, ne nous mentons pas…) suite à l’immigration
provenant des nouvelles démocraties arabes et à la peur que provoquaient
les révolutions:
Petit rappel
historique : tous les pays monarchiques ont déclaré la guerre à la France lorsque
celle-ci a raccourci son Roi, par peur de la contagion des idées
révolutionnaires et du flot d’immigration qui suivrait dans leur pays. Comment
est ce que notre belle nation, héritière de cet esprit de combat contre
l’oppression, peut aujourd’hui avoir peur de ces voisins qui
s’émancipent de la dictature ? Ou rejeter ces populations qui fuient la
guerre ? Ca ne vous donne pas légèrement envie de vomir ?
La peur et l’ignorance
sont les deux armes favorites des populistes (autre nom des fascistes). Les
utiliser une veille d’élection n’est rien de plus qu’un moyen de détourner l’attention
des vrais problèmes, qu’ils soient économiques ou sociaux. Lorsque vous
déposerez vos bulletins dans l’urne, faites le pour les bonnes raisons !
Et oui, la population humaine est en train
de suivre une évolution qu’on attribuerait volontiers à celle d’une espèce de
criquet qui dévore tout sur son passage avant de tous mourir faute de
ressources. Évidemment, l’échelle de temps est un peu plus grande de notre côté
mais il n’empêche qu’on se doute tous que la planète ne peut supporter qu’un
nombre fini d’humains. Ce nombre, selon les spécialistes, peut varier de 4
milliards (on serait déjà en surpopulation) à une centaine de milliards pour
une planète exploitée de façon optimale.
Dans un article précédent, j’exposais ma
certitude que l’espace était notre nouvelle frontière et que c’est seulement en
l'atteignant que nous pourrions assurer un avenir à l’humanité. Mais soyons
honnêtes, même si nous étions en mesure de nous installer ailleurs, on ne
transporterait sans doute pas des milliards de personnes jusqu’à cette nouvelle
destination. La surpopulation va frapper notre petite planète tôt ou tard,
c’est une certitude.
Le problème qui nous intéresse ici, outre
ceux de place, d’accès à l’eau ou de tensions internationales, c’est celui de
la mangeaille. Sachant que nous mangeons de plus en plus (3600 kcal/hab/jour
pour les pays industrialisés alors que l’on peut se satisfaire de 2800) et que
nous cuisinons de moins en moins, une foultitude de techniques ont été
inventées pour fabriquer de la nourriture moins chère et en plus grande
quantité. Depuis le bœuf cloné américain jusqu’à l’huile de palme indonésienne,
en passant par les engrais, pesticides et autres OGM, l’industrie
agro-alimentaire, contrairement à ce que l’on pourrait penser, est très
consommatrice de “nouvelles” technologies.
Mais chacune de ces avancés nous éloignent
de ce que nous considérons comme de la nourriture “idéale” qui serait produit
dans des fermes bucoliques où les moutons et les choux seraient heureux.
Passons sur la débilité de cette image
mentale, voilà où l’équation se complique vraiment : et si il était nécessaire
de produire intensivement de la nourriture pour faire manger tout le monde ? Les
premiers engrais chimiques de 1800 et la mécanisation des travaux agricoles ont
probablement sauvé l’Europe de la famine. Et si nous vivons aujourd’hui jusqu’à
80 ans, c’est aussi en grande partie parce que nous mangeons beaucoup plus
sainement, que nos aliments ne sont pas infestés de bestioles et de maladies.
En clair, nous vivons mieux parce que nous arrosons nos plantes de pesticides.
Parlons maintenant des OGMs : je suis
plutôt quelqu’un de prudent et je hais la façon dont certaines sociétés qui
vendent des semences modifiées travaillent, mais où sont les preuves que
celles-ci sont dangereuses pour la santé ? Faut arrêter l’obscurantisme ! Avoir
peur de quelque chose parce que c’est nouveau, c’est de la bêtise caractérisée
(exactement le même débat que ce que j’entends ces temps-ci sur les
nanotechnologies). Si la recherche se poursuit et que l’on aboutit à ce qu’on
nous promet (des plantes demandant peu d’eau pour la sécheresse en Afrique, ou
immunisée à certaines maladies, etc...), pourquoi se priver de ces avancés ?
J’espère que vous l’aurez compris, je me
fais ici l’avocat du diable, je ne suis pas un ardent défenseur de
nourriture mal produite. Cependant je ne peux m’empêcher de penser qu’il est
impossible de nourrir 8 milliards d’êtres humains au bio (désolé Mélanie !),
simplement parce que cela voudrait dire cultiver chaque parcelle de terre
utilisable (et donc réduire l’écosystème sauvage, bonne prise de tête messieurs
les écolos !), remettre tout le monde dans les champs et se préparer à des
épidémies de choléra.
D’un autre côté, des progrès ont été faits
: l’industrie agro-alimentaire française et européenne (ce qui signifie une
minuscule part de la bouffe produite dans le monde) a effectué un virage pour
le mieux. De très nombreux pesticides dangereux ont été interdits, les doses de
produits chimiques réduites drastiquement et tout cela sans baisse de rendements.
L’agriculture raisonnée fait son petit bonhomme de chemin dans les mentalités.
La crise alimentaire (flambée des prix et
famine dans certaines régions du globe) commence lentement à pointer le bout de
son nez. Elle est en plus très largement aggravée par la mise en place d’un
marché d’obligations sur les récoltes et par le dérèglement climatique.
Quelques réponses à ce problème :
- Changeons nos habitudes alimentaires :
nous surconsommons certains aliments qui coûtent très chers à produire. Un
exemple ? La viande, avec le bœuf et le porc en tête en termes de
consommation dans les pays industrialisés. Il faut 8kg de céréales pour
produire 1kg de viande bovine, 5 pour 1kg de porc et seulement 1 pour 1 kg de
volailles. Sans compter que les élevages bovins sont parmi les plus grands
producteurs de gaz à effet de serre (le méthane) ! Il serait peut être
temps de se raisonner un peu…
- Arrêtons de spécialiser des pays entiers
dans une seule production : cacao en côte d’ivoire, huile de palme en
Indonésie, les biocarburants dans les pays d’Amérique du sud et j’en passe… Une
population devrait tout d’abord être en mesure de se nourrir soi-même. Et cela
n’a aucun sens de faire voyager de la nourriture sur des milliers de km dans
des soutes de cargo pour gagner quelques centimes par tonnes.
- Laissons leur chance aux nouvelles
technologies agro-alimentaires. Tout ce que nous mangeons est issu d’un
processus de croisement ou d’hybridation, et n’est en aucun cas naturel. Autant
se faire une raison et essayer d’éviter de mélanger ce qui est issu d’une peur
panique des technologies modernes (même genre de peur que celle du nucléaire)
et ce qui est réellement mauvais pour nous.
- En finir avec la bourse qui met ses gros
doigts dans le marché de la nourriture mondiale. Assurez la valeur financières
de ses récoltes à venir est plutôt une bonne idée pour les paysans, mais il est
complètement fou de jouer ce montant sur les places financières. C’est à un
organisme international de réguler les prix des matières premières alimentaires
si il y a une famine quelque part, pas aux traders de Wall Street.
Etonnamment, et pour finir sur une note
encore plus grave, la crise alimentaire sera probablement l’aspect le moins
épineux de la surpopulation mondiale, loin derrière l’accès à l’eau, la
pollution et les tensions issues des disparités sociales.
Je vous laisse sur ces bonnes paroles et
je vais manger mon quinoa-poulet du soir. Bon appétit !
Personnellement, je
ne crois pas au destin, je crois aux choix (oui au pluriel). Alors oui, à
l’heure de la physique ultra déterministe, ça peut sembler étrange mais je
trouve ça à la fois étonnement exaltant et carrément effrayant. Dans un article
précédent, je crachais légèrement sur la fameuse (ou fumeuse ?) théorie
des univers multiples (ou Many Worlds Interpretation pour les anglicistes) qui
prêche que tout ce qui est possible s’est accompli dans un autre monde. Je
déteste philosophiquement cette vision en plus de sa valeur scientifique que je
trouve nulle (je lui reconnais par contre la paternité d’une série TV qui a
bercé mon enfance, mais qui se rappelle encore de "Sliders" ?).
Elle nous donne l’impression que tout peut arriver, que tout est relatif et que
nous aurions pu faire des choix radicalement différents dans des conditions
identiques.
Quelques petits
exemples pour illustrer tout ça : si nous sommes réellement en mesure de
faire n’importe quel choix, alors il existe un univers où nous (l’humanité en
général) avons fait tous les bons (d’un point de vu éthique) ergo le paradis
existe. Oui, on peut être un athée convaincu et soutenir ce genre de chose par
physique quantique interposée. Inversement et proportionnellement, un enfer
doit trainer quelque part (à moins que ce quelque part soit ici ?).
Là deux choix
s’offrent à vous : soit vous vous imaginez que jamais vous n’assassinerez
votre voisin, et dans ce cas votre volonté et votre éthique se dresse contre
les mathématiques et la physique et votre moralité devient une force aussi
puissante que l’électromagnétisme. Soit vous continuez à penser que tout est
possible et vous deviez peut être commencer à penser à vous inscrire à l’église
la plus proche de chez vous.
Bien, maintenant que
l’on a bien ridiculisé les physiciens quantiques, revenons à nos moutons. Tout
ça pour dire quoi : beaucoup dépend des choix que nous faisons. Notre
monde est construit sur une multitude de choix qui ont été fait à un moment ou
un autre, consciemment ou pas. Toutes nos vies sont bercées par ces positions.
Pourquoi avoir des sociétés modernes basées par exemple sur le déplacement
privé des personnes ? Pourquoi un milliard de voitures et des dizaines de millions
(je rigole pas) de km de route ? Il est évident que c’est une option, mais
on aurait aussi pu faire différemment.
Quid de notre schéma
économique ? De notre organisation familiale ? Notre système
universitaire est basé sur les décisions arbitraires d’un empereur, et que dire
de nos frontières, de notre langue, de nos codes vestimentaires ou même de nos
avancés scientifiques ? Tous ces piliers de nos sociétés sont des écrans
de fumées. Tout aurait pu être différent, le monde n’est pas destiné à être ce
qu’il est actuellement (il n’est destiné à rien du tout).
Couplez tout ceci
avec une prise de conscience du fameux effet papillon (toute action a des
conséquences, parfois gigantesques, qui ne sont pas forcément anticipables) et l’histoire
humaine prend un aspect presque tragicomique. Tous nos grands thèmes de
sociétés devraient être passés à la moulinette du "réfléchissez bien, et
refaites votre choix". Il n’y a pas de fatalité ou de destin,
particulièrement lorsqu’il s’agit du futur de l’humanité. Tout est possible,
tout est envisageable.
Il existe désormais
depuis de nombreuses années une tendance étrange et bizarre avec laquelle le
monde entier semble en phase, mais qui va presque à l’encontre de ce que nous
pouvons souhaiter pour nous-mêmes : il s’agit de la spécialisation. Elle
intervient dans de très nombreux domaines, mais elle est le plus visible dans
nos choix d’études et de carrières.
Notre système
éducatif nous pousse dans les domaines où nous sommes doués. Ça peut sembler
normal, quelqu’un doté d’un esprit analytique sera plus efficace à faire des
maths qu’à comprendre la philosophie. Et c’est finalement cette façon de
choisir ses matières que nous appliquons un peu partout ensuite : chercher
où nous sommes doués et s’appliquer à devenir encore meilleurs, enfin toujours
plus spécialisés.
Juste une petite
remarque comme ça en passant : vous connaissez beaucoup de véritables
utopies où la société est super spécialisée en différents métiers et
classes ? Pas vraiment, hein. C’est même carrément le contraire, les dystopies
("le meilleur des mondes" au hasard) montrent toutes en général des réalités
où la prédestination a rendu l’homme esclave, l’enchainant dès sa naissance à
une place, un métier et un rôle.
C’est sûr, le monde
occidental du XXIème siècle est loin du darwinisme social, mais lorsque l’on
s’imagine une société idéale, et par là même des humains idéaux, est ce qu’on
ne se représente pas exactement le contraire d’humains spécialisés ? Je
vois plutôt le monde futur peuplé de gens ayant des connaissances sur tout,
pouvant aussi bien parler philosophie, physique, économie ou histoire.
Ce sont ces mêmes
problèmes qui produisent aujourd’hui des scientifiques très forts dans leurs domaines
extrêmement pointus mais qui sont incapables de s’intéresser à autre chose,
voir qui considèrent tout le reste comme non digne d’intérêt.
Nous devrions mettre
en place exactement le contraire de ce que nous faisons actuellement avec nos
enfants : les pousser dans des domaines qu’ils n’apprécient que
moyennement, ou dans lesquels ils n’ont pas de facilités. De même qu’on ne
laisse pas un muscle s’atrophier sous prétexte qu’il ne nous sert pas trop pour
l’instant, l’intelligence humaine et les connaissances qui lui sont liées représentent
un corps complet dont il ne faut négliger aucun aspect.
Les hommes ne sont
pas des outils spécialisés qu’il faut affuter et ranger dans les bonnes cases de
l’atelier de la société.
J’ai lu (ceci) à propos d’une question intéressante il y a quelques jours : le
débat sur les premières formes de sociétés primitives et principalement sur la
pression extérieure ayant poussée les hommes à se regrouper.
Plusieurs théories
s’affrontent, la plus répandue voudrait que les tribus d’australopithèques se
soient formées autour de l’idée de la chasse, ou plus exactement autour du
sentiment de faim. Ça parait assez normal, la chasse coordonnée permettant
d’attraper des proies plus grosses ou plus dangereuses, en réduisant les
risques. D’où une jolie histoire où les petits êtres humains dépérissaient loin
les uns des autres, avant de se regrouper autour d’un festin de mammouth (ce
qui est faux, au passage, le mammouth ne vivait pas en Afrique centrale il y a
4 millions d’années). C’est touchant et très sympa sociologiquement, un passé
où nous nous sommes regroupés pour partager, et cela nous donne aussi une image
de chasseurs-cueilleurs de nos aïeuls. C’est aussi très très faux.
Le processus
d’imagination menant à la mise en place d’un groupe de chasseurs travaillant
ensemble va bien au-delà des maigres ressources de nos ancêtres simiesques, et
surtout ne relève pas d’un impératif inné. Essayer de faire comprendre à un
animal qu’il doit partager sa pitance est impossible, comment s’imaginer que ce
type d’organisation est apparu tout seul ? La faim est un élément diviseur
dans un groupe primitif, pas unificateur. De plus, n’importe quel grand singe
est en mesure de se nourrir seul, pourquoi dès lors se coltiner une ribambelle
de boulets qui piqueraient dans son assiette ?
Non, la première
pression ayant regroupée les hommes est à la fois beaucoup plus simple et moins
romantique. Et surtout elle répond au besoin le plus naturel qui soit :
celui de dormir. Et oui, 6 à 8 heures de sommeil dans la nuit noire d’une
savane remplie de prédateurs a quelque chose d’un peu flippant. D’où la
nécessité d’assurer des tours de garde contre la multitude de choses aux dents
pointues rodant dehors. Ce qui a poussé les hommes ensemble, c’est la peur de
la nuit ! C’est à la fois risible lorsqu’on vit dans nos sociétés où c’est
bien le dernier de nos soucis, et flippant de se rendre compter que la première
organisation sociale fut basée sur un sentiment de terreur.
(Saturday Morning Breakfast Cereal !)
La société humaine
est l’enfant de la nuit. Ce qui a pour effet un certain nombre de conséquences
évidentes :
- - Les
premières sociétés étaient de modèle militaire : pas des
chasseurs-cueilleurs mais des adjudants et des troufions. Et pas la version
mignonne de la hiérarchie moderne, mais celle brutale d’une peuplade primitive.
-- Les leaders de seconde génération furent religieux et ils sont apparus très tôt, là
aussi à cause se la nuit. Une fois une organisation militaire mise en place
pour la garde, il a fallut en effet s’occuper des autres peurs découlant du
sommeil et des rêves, comme celle de la mort. Ce qui est donne au passage le
rôle des parents dans une cellule familiale : protection physique pour le
père, et spirituelle pour la mère. Et oui, les premières autorités religieuses
étaient sans doute des femmes. Toujours intéressant dans nos monothéismes
patriarcaux actuels…
Une autre question
que l’on peut se poser est que reste-il de cette première peur et de ces
conséquences ? Les enfants ont pour beaucoup encore cette peur de
l’obscurité et des monstres qui la peuplent, quelque chose qui ressemble pas
mal à ce que devaient ressentir nos ancêtres dans la savane. Du coup ce
sentiment semble atavique. Et que font-ils dans ces cas là ? Chercher la
présence et la protection paternelle ou maternelle, bref la tribu la plus proche.
Donc, contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, nous ne sommes pas
encore débarrassés de cette peur primitive.
Le plus important
ici est bien de se rendre compte que la société humaine s’est formée autour du
sentiment de peur (peur de la nuit, de la mort et de l’inconnu en général), et
donc la psyché, la culture et les interactions de l’humain moyen moderne découlent
de ce fait. Il est tout à fait possible que nous ne soyons pas naturellement
sociaux, voir au contraire égoïstes et solitaires, et que ce soit nos frayeurs
qui nous poussent les uns vers les autres. Et contrairement à ce que les
phrases précédentes laissent penser, ce n’est pas triste ou pathétique :
la société humaine comme lumière au milieu d’un océan noir de peurs primitives,
c’est plutôt un chouette accomplissement !