mercredi 15 décembre 2010

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°10 : Lamarckisme et girafes

50 ans avant Darwin, un petit français s’est penché lui aussi sur l’évolution des êtres vivants. Biologiste formé chez les jésuites (ça vous rappelle un article précédent ?), Jean-Baptiste de Lamarck a inventé une théorie sur la transmission des caractères acquis pour expliquer l’adaptation des espèces. Alors pas de bol pour lui, mauvaise théorie (du moins en partie) qui tient en deux points :
-          La complexification croissante du vivant (qui a dit que ça ressemblait aux explications de Theilard de Chardin ?)
-          L’adaptation des êtres vivants tout au long de leur vie (par leur métabolisme) aux conditions extérieures et la transmissibilité de ses caractères à la génération suivante. Ex : la girafe a un long cou parce qu’elle (et ses aïeuls) tendaient beaucoup la tête pour attraper les feuilles hautes perchées.
Point numéro un, pas de problème. Point numéro deux, moins bien défendable une fois que Darwin et la découverte de la génétique sont passés par là.
Quoique… Il semble que des études de population tendent à prouver que certains caractères développés par des générations précédentes sont transmissibles. Un petit exemple : en 1944, suite à l’opération "Market Garden" au Pays Bas pendant la guerre, une famine terrible se déclare. Les enfants nés cette année là sont très petits voir rachitiques. Hors, une fois devenus adultes, les femmes de cette génération ont à leur tour des enfants rachitiques (alors que la cause à disparue). Et la génération suivante aussi.
L’étude de ces phénomènes s’appelle l’épigénétique. Ils seraient aussi responsables de l’augmentation de la taille des êtres humains par exemple. Plusieurs possibilités ont été avancées pour les expliquer : Par exemple du code génétique provenant des brins d’ARN de la mère pourrait se retrouver dans les ovules, ou bien il existerait des échanges d’ARN avec le bébé. Il pourrait aussi s’agir du déclenchement de certains gènes selon la présence dans l’organisme de la mère de telle ou telle protéine et donc de  l’influence sur nos gènes de ce que nous mangeons ou respirons…
Bref, le lamarckisme revient un peu sur le devant de la scène scientifique. De façon sporadique, je dirais. Mais il y a un domaine où il apparaît beaucoup plus depuis quelques temps. Et c’est dans la sociologie.

Petit retour au milieu du XIXème : après la parution de l’Origine des espèces, une multitude de sociologues se convertissent au darwinisme social, application du principe de l’évolution au milieu humain. Cette théorie qui postule que la lutte pour la vie entre les hommes est l'état naturel des relations sociales, a mené pas mal de scientifiques (dont Thomas Huxley par exemple, grand père de l’auteur du meilleur des Mondes. Y a pas de hasard) à demander l’arrêt des mesures d’aide envers les pauvres ou l’abandon de la charité : en effet, si la survie du plus apte est le moyen de faire évoluer l’humanité, alors il faut encourager son travail d’élimination. C’est le début de l’eugénisme et des horreurs auxquelles ont menés l’application de la loi naturelle à une société culturelle (encore un point pour un article précédent). Un demi-siècle plus tard, la shoah frappait.
Bien, je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que l’eugénisme est une absurdité monumentale. Deux choses viennent nous prouver que le darwinisme ne s’applique pas à la société humaine :
-          Le conflit n’est pas le seul moteur de l’évolution humaine : les plus grandes œuvres sont le fruit de la socialisation et de l’entraide mutuelle.
-          Le passage des "données" d’une génération à l’autre est de type lamarckien et pas darwinien. En clair, on peut transmettre à ses enfants plus que ce que les nôtres nous ont appris. Ce qui fait qu’il n’existe pas de processus de "spécialisation" dans l’espèce humaine : des enfants d’ouvriers peuvent devenir cadres et inversement. De même, nous ne sommes pas "programmés" génétiquement ou socialement pour une tache. Nous choisissons notre voix et ce choix nous transforme (comme le cou de la girafe).

Encore une preuve, s’il en fallait une, que le monde naturel et le monde humain ne sont pas (et surtout ne doivent pas) être régi par les mêmes règles.

samedi 4 décembre 2010

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°9 : Church on Time


Quelques petites idées rapides pour rappeler au monde que l’église n’est pas qu’un ramassis d’idiots superstitieux, anthropocentriques et effrayés par leur propre fin.

-      Le débat avec la science : facile de prendre des erreurs vieilles de 500 ans et de les réappliquer aujourd’hui. Oui l’église du 16ème siècle s’est opposée à Copernic et Galilée. Super intéressant de mentionner l’obscurantisme de l’époque dans les débats actuels, autant mentionner à Robert Hue que son parti politique a tué quelques millions de personnes dans les goulags soviétiques. En plus, depuis le concile Vatican II, des dizaines de commissions ont été créées au Saint Siège pour étudier les différentes avancées scientifiques et leur rapport à la bible. Par exemple, la possibilité d’une vie extraterrestre a été envisagée par le pape : oui, oui. Là où 75% de la population mondiale se trouve en désaccord avec les scientifiques, l’église a choisit le côté des progressistes.
Encore plus fort, la présence d’un certain nombre d’ordre religieux très attachés à la pensée scientifique, en particulier l’ordre jésuite. Pour ne citer qu’un nom, prenez Pierre Teilhard de Chardin, chercheur, théologien, paléontologue et philosophe (et aussi jésuite, personne n’est parfait). Il avait prévu l’avènement de l’ère internet dès le début du XXème, et la fameuse convergence technologique que tout le monde attend (certains devraient reconnaître ce genre de termes provenant de bouquins de Dan Simmons, de Frank Herbert, ou de tout roman d’anticipation parlant de science).
Il a aussi théorisé ce qu’on appelle la complexification "verticale" accélérée de l’univers (voir le schéma) ou, en termes plus simples, comment le monde tend à grimper d’un échelon à l’autre de plus en plus vite (un petit lien)
-      Le décalage entre les mœurs actuelles et les valeurs défendues par l’église. Evidemment, difficile de défendre l’abstinence avant le mariage dans le monde actuel. Plus difficile que de prôner que le meurtre de son voisin est un péché dans le monde romain du premier siècle ? Pas sûr. Pourtant, personne ne pourrait en vouloir aujourd’hui à l’église pour ce combat. Le reproche que l’on adresse au clergé ces derniers temps sur l’Afrique et le SIDA relève (presque) de la même problématique : la différence entre l’absolu et le relatif. L’église ne prêche pas de compromis, elle prêche un absolu idéal. Et dans cet absolu, on est monogame, abstinent avant le mariage et on n’utilise pas de moyen de contraception qui s’oppose à la vie. C’est dans ces conditions que l’église s’oppose à l’utilisation du préservatif. Quel genre de religion placerait des absolus pour ensuite dire à ses fidèles de les transgresser ?
Au passage, le récent "revirement" du pape dans ce domaine n’en est pas un. Il a juste dit que dans l’optique d’arriver à une relation de couple parfaite susmentionnée, il était parfois nécessaire d’avoir recours au préservatif, que ce n’était pas l’idéal mais que ça pouvait être responsable.
-      L’ingérence dans les affaires nationales. Ah oui, donner son avis sur des problèmes d’autres pays ou institutions (dans l’affaire des roms en France par exemple), c’est vraiment quelque chose de très mal. Euh, attendez… Ce n’est pas ce qu’à fait le comité des Nobel en donnant le prix au chinois Liu Xiaobo ? Ou ce qu’a fait le comité de Cannes en donnant un prix à Michael Moore ? Est-ce qu’une organisation dont la vocation est d’ordre  morale peut éviter de parler de ce qui se passe dans le monde ?
-      Le lien entre l’église et la droite. Après quelques recherches, j’ai trouvé un embryon d’explication sur le pourquoi du comment. En général, on aurait plutôt tendance à  associer les croyants avec des valeurs de partage plus proche de la gauche, mais les chrétiens en général sont très réceptifs à une société paisible d’un point de vu social. Vision qui ne colle pas trop avec la lutte des classes prônée par la gauche ces dernières années. Cependant, le gouvernement actuel (et son président en particulier) semble prendre un malin plaisir à exposer la trilogie des péchés : sexe, pouvoir et argent. Sexe pour un remariage trois mois après un divorce, pouvoir pour les liens avec les industries et les médias, et argent pour le côté bling-bling et l’augmentation de 300% de son propre salaire. Pas étonnant de ressentir un léger désaveu…

 Au passage, l’église est sans doute la seule institution qui soit aujourd’hui en mesure de prendre autant de critiques dans la face sans tomber dans l’extrémisme ou le populisme. Il doit y avoir un fond de valeurs intéressantes qui la font tenir debout.

jeudi 2 décembre 2010

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°8 : Man vs. Wild

La suprématie de la vie naturelle est un thème assez récurrent dans pas mal de mouvements actuels. L’idée majeure de ce "retour aux sources" est que la société (de consommation en particulier) nous corrompt, et que par voix de conséquence, comme dirait notre ami Francis, c’était mieux avant. Bref, que l’homme doit vivre plus près de ces instincts.
L’idée peut être poussée encore plus loin, en se disant par exemple que la loi de l’évolution (darwinienne) devrait régner dans le monde humain, que la nature ne connaît pas le "Mal" et que forcément, elle est, comme toute création, parfaite.
On peut encore penser que l’homme est l’aboutissement de la nature, son chef d’œuvre. Que l’on peut vivre en harmonie avec la nature, tout en ayant une place spéciale dans le cycle. Ou que l’humanité est (actuellement) inférieure d’un point de vu éthique au reste de la nature, parce que nous nous entre-tuons.
Quelques petites remarques pour remettre maintenant en doute la bonté de cette mère nature idéale :
Pour commencer, les notions de bien et mal sont humaines, comme celle de raison, de justice ou d’égalité. Pas la peine d’anthropomorphiser un processus non conscient comme l’évolution et lui coller des adjectifs qui révèle de l’éthique humaine. La nature (et l’évolution) n’a pas d’autre but que de survivre et de s’étendre. Elle n’a pas de compas moral (pas comme nous, que ce compas soit imaginaire ou réel).
Ensuite, nous ne sommes pas aboutissement de l’évolution, simplement parce qu’il n’y a pas de fin à ce processus. De plus, d’un point de vu strictement naturel (et donc pas humain), nous sommes aussi évolués que la première bactérie venue (Bon peut être pas… Le premier animal venu donc). En toutes choses, nous sommes sans doute même moins évolués, étant donné que nous n’appliquons pas la fameuse loi de la survie du mieux adapté.
Enfin, pour ce qui est de l’harmonie avec la nature, de quoi on parle exactement ? De laisser de temps en temps un loup ou un ours gagner et nous bouffer ? La loi naturelle n’est pas vraiment très agréable si on n’est pas tout en haut de la chaine alimentaire. Et le fameux "autrefois, on vivait mieux" est une absurdité de la pire espèce : il y a 200 ans, l’espérance de vie était de 30 ans et le taux de mortalité infantile de 200 pour 1000 à un an.

La culture a pris le relais de la nature dans la société humaine. Ce que la nature ne nous apprend pas par l’instinct pour faire un humain, nous l’apprenons, enfant, par la culture (ou l’éducation si vous préférez le terme). La méthode culturelle est d’ailleurs bien supérieure en efficacité et en rapidité. Nous dominons désormais très largement notre monde sans y être adapté, et nous lui faisons aussi beaucoup de mal (mais cela est un autre sujet).
L’évolution nous a porté jusqu’au stade d’homo sapiens, mais nous sommes devenus beaucoup plus que de simples singes aux pouces opposables, et ne nous trompons pas, ce qui nous rend humain, c’est bien cette culture et pas notre instinct.

Le règne humain est tout sauf naturel, et c’est une bonne chose, d’un point de vu humain.

PS : Le dessin de l'article est tiré du site Saturday Morning Breakfast Cereals que je vous recommande chaudement.

samedi 16 octobre 2010

Le petit Mercredi politique de gaets n°7 : Palin & Friends

Retour dans le pays le plus cher à mon cœur, tant l’endémique bêtise de certains de ses habitants en fait une cible toute trouvée aux nombreux petits problèmes de notre monde. Et le bouc émissaire du jour est… (Roulements de tambours)… Le Tea Pary !
Pourquoi tant d’acharnement me direz-vous ? Simplement parce que tout ce qui est produit intellectuellement, économiquement ou idéologiquement chez nos cher amis d’outre atlantique est voué à l’exportation. Et contrairement à ce que nous pouvons penser, en petits français très fiers de notre "exception", nous sommes d’excellents importateurs.

Il fallait s’en douter, l’élection d’un président démocrate (et noir par-dessus le marché) a poussé à une escalade de démagogie et à une violence accrue de certains groupes. Un nouveau parti politique semble se trouver à l’intersection de ses deux mouvements : le Tea Party.
Petit cours d’histoire, Boston 1773, un petit groupe de protestataire s’empare de 3 frégates anglaises chargées de thé, en réponse à la taxation exorbitante des treize colonies par l’empire britannique sans représentation des dites colonies au parlement londonien. C’est le premier mouvement de révolte des USA contre l’Angleterre, qui aboutira quelques années plus tard à la guerre d’indépendance. Voilà pour la provenance du nom de notre très cher mouvement néo-néoconservateur.
Comprenez par là que le Tea Party prône la désobéissance civile et la révolution face à des mesures gouvernementales qu’il trouve injustes, voir même anticonstitutionnelle, à en croire certaines têtes du parti. Et attention, lorsqu’on est soupçonné de s’attaquer à la constitution aux Etats-Unis (même si on est le gouvernement), c’est pire que si on s’en prenait à la Bible. Oui, même si elle a aujourd’hui plus de deux cents ans, la constitution ne saurait en aucun cas être changée, ni altérée. D’où un certain nombre de dérives que l’on connaît tous plus ou moins, comme le second amendement permettant aux citoyens de porter des armes, ou le troisième qui interdit aux policiers de rentrer chez les gens sans y être autorisés.

Le point d’accrochage avec le Tea Party ces derniers temps provient ici du fait que les deniers projets du gouvernement américain promettent une hausse des impôts pour pouvoir se financer (en particulier la mise en place d’une couverture médicale universelle). Et voilà que la conscience capitaliste se réveille. Plus d’impôts donc moins d’argent donc moins de consommation donc moins de libertés… En plus, l’état est vu aux USA comme une machine énorme et peu efficace qui coute beaucoup, entretient des paresseux et enrichie ceux au pouvoir (comme dans une dictature africaine). D’où la nécessité de le réduire au minimum.  
Le seul problème vient ici du fait que les impôts (dans les états développés) ne servent jamais à remplir les poches des gens au pouvoir (à part une petite part de corruption). Il sert généralement à entretenir des services publics, payer des retraites et de la santé. On peut toujours arguer de l’inefficacité des services publics, du trop grand nombre de fonctionnaires, cela n’a pas grand-chose à voir avec l’impôt en lui-même. La pensée égoïste qui consiste à se dire que ne pas payer d’impôt nous laisse plus d’argent est assez juvénile, je trouve. Nous avons tous des niveaux de vie relativement confortables dans nos petites démocraties.

Défendre bec et ongle l’utopie américaine du bonheur par la consommation et de l’individualisme est devenu le cheval de bataille du Tea Party. Et pour cela, ils ont trouvé une figure de proue à la mesure de leurs idées. Vous vous rappelez de cette sénatrice américaine venue du grand nord, qui devait se retrouver Vice Présidente si jamais McCain (le sénateur, pas la marque qui fabrique des frittes) se retrouvait élu en 2008 ? La petite Sarah Palin a fait son petit bout de chemin depuis. Devenue commentatrice politique dans une émission de l’ultralibérale chaine de TV FoxNews, elle est devenue l’égérie des anti-Obama.

Petit rappel des quelques valeurs défendues par la future candidate aux élections présidentielles américaines de 2012 : Sarah Palin est « pro-vie » (pro-life), c'est-à-dire qu'elle souhaite défendre la vie de la conception à la mort naturelle. Elle est donc hostile à l'avortement. Mais favorable à la peine de mort. Oui, parce que toutes les vies sont sacrées, sauf celles des meurtriers, des musulmans et des mexicains. Faut pas exagérer, c’est pas comme si ils étaient vraiment dignes de posséder des droits ces gens-là… Elles est aussi membre de la NRA (National Rifle Agency), l’agence qui milite pour que tout le monde possède une arme, elle est également opposée au mariage homosexuel et aux cours d'éducation sexuelle à l'école, préférant prôner l'abstinence sexuelle avant le mariage. Elle pense que le créationnisme devrait être enseigné dans les écoles et que le réchauffement climatique n’existe pas. Sur le plan écologique, elle a porté plainte à la cour suprême contre la décision du gouvernement de placer l'ours polaire sur la liste des espèces menacées et elle est partisane de l'ouverture à la prospection (pétrolière) de la réserve naturelle de l'Arctique.
Ah, elle mange aussi des bébés phoques au petit déjeuné et donne des pommes empoisonnées aux petits enfants… Euh… c’est peut être un peu trop là, non ?
Mais pourquoi est–elle aussi méchante ? Difficile à dire. Mais Miss Palin semble représenter assez bien les valeurs de cette droite ultraconservatrice.

Ces attaques sont elles trop faciles ? Un peu oui. Mais derrière le Tea Party se cache la phobie de l’état en général (et pas seulement de l’état providence comme on voudrait nous le faire croire). Et pour en cesser un peu avec les coups bas, il y a une vraie question de société sur la diminution du contrôle de l’état dans beaucoup de sphères. Vous pensez que c’est une bonne chose ? Moins d’impôts = plus de libertés ? Accrochez vous à vos baskets : les pays avec le plus fort taux d’imposition sont les moins inégalitaires et ceux où la richesse par habitant est la plus élevée.
Le retrait de l’état dans une multitude de domaine en France semble aussi se poursuivre. Dans le désordre : l’énergie, la finance, les transports en communs, la poste, la santé… On peut peut-être commencer à s’interroger sur le bien fondé de ce monde où tout serait libéralisé ? Quid de l’utopie capitaliste où la concurrence est reine ? Elle ne mène qu’à plus de pauvreté pour les plus pauvres et à l’exploitation de la main d’œuvre (c’est mon quart d’heure Arlette Laguiller). L’égoïsme est le moteur du capitalisme, où l’on envie toujours son voisin pour sa nouvelle voiture et où on ne s’intéresse pas au clochard en bas de chez soi.
Le libéralisme crée de la richesse. Il est sans doute le seul type d’agencement social a en crée autant. Mais il crée ne pas de civilisation. 

lundi 21 juin 2010

Le petit Mercredi politique de gaets n°6 : Fucking Reification

Pas de panique, à moins d’être informaticien ou marxiste, personne ne connaît ce terme. Perso, ça fait tout juste une semaine.
Une petite définition pour commencer, donc.
Réification : nf, la réification consiste à transformer ou à transposer une abstraction en un objet concret, à appréhender un concept, comme une chose concrète.
Un mal relativement commun, donc. En particulier chez nos amis les scientifiques.

Un exemple très parlant permet de se rendre rapidement compte des pièges de la réification. Attention, un peu de méca. Pour tous les allergiques, détournez le regard. Prenez un objet lancé sur une trajectoire parabolique. Deux grands théorèmes permettent de déduire son mouvement. Le premier, découlant des lois de Newton, associe à l’objet une inertie et une masse et en déduit son mouvement. Le second est un théorème plus général appelé le principe d’action minimum. Il consiste à envisager toutes les trajectoires possibles de l’objet et de trouver celle qui minimise une quantité mathématique appelée l’action. Les deux principes sont totalement équivalents et "fournissent" la même réponse.
Les problèmes commencent à pointer leur nez quand, en prenant ces théorèmes au pied de la lettre, on essaye de les réifier. Le premier implique que l’objet suit une trajectoire en fonction de ces deux valeurs qui représentent en fait ce qu’est l’objet (sa masse) et ce qu’il a fait avant d’arriver à ce point (son inertie). Pas de soucis, ça colle à peu prêt avec ce qu’on considère comme la "vérité". Mais voilà, réifier le principe d’action minimum consiste à penser que l’objet envisage tous les trajets et, grâce à ses talents de supercalculateur, choisit le bon trajet. On donne donc à notre objet (un caillou, une chaussette ou l’écran d’un informaticien énervé) non seulement des talents analytiques, mais aussi une pseudo conscience.
Sans doute pas ce que le commun des mortels pourraient considérer comme une réponse satisfaisante, mais quand on est un scientifique, ce genre de petits décalages avec la réalité n’est pas trop embêtant.

Evidemment, ceci est un exemple relativement voyant. Personne ne défendrait ce genre d’absurdité. Mais d’autres réifications abusives se sont glissées insidieusement dans les connaissances populaires.
Par exemple, la présence d’univers parallèles. Perçu par pas mal de physiciens comme la vérité, très largement popularisée par le cinéma, cette hypothèse provient sans doute d’un abus de la physique quantique. Comme la plupart des réactions au niveau quantique sont probabilistes (il y a autant de chances que quelque chose arrive plutôt qu’autre chose), certains mathématiciens ont construit un "espace de phase" où tous les évènements se sont réalisés, ergo une multitude d’univers "parallèles". Par extension, nous pensons que chacune de nos actions est soumise à le même loi et qu’il existe une multitude d’endroits où tous nos choix se sont réalisés.
Mais cet espace de phase n’a pas de réalité physique, c’est un pur outil mathématique. Les univers parallèles n’existent pas (désolé pour Schrödinger et Pavlov, mais il n’y a pas d’univers où ils ne sont pas des bourreaux d’animaux). Penser que de tels mondes où tout est différent nous entourent, c’est réifier un concept. Et c’est aussi très anthropocentriste. L’univers ne tourne pas autour des choix des hommes, quoi qu’Hollywood en pense.

Faire la part des choses entre ce qui est juste scientifiquement et ce qui est vrai n’est pas toujours chose aisée. Mais la réification frappe encore plus lorsqu’elle est utilisée en sciences sociales et économiques. Réussir à transformer un concept comme le libre marché en une réalité tangible comme la bourse est un tour de force incroyable du monde moderne. Et la déshumanisation des moyens de productions (nous) et des relations sociales entre les personnes fait parti de ce processus de réification du capitalisme (vive Marx).

La réification est un piège immense dans toutes les sciences. Un concept qui est juste sur le papier ne traduit pas forcément (voir rarement) la vérité du monde. Une bonne dose de sagesse est nécessaire a l’application du savoir. Et oui, la science a parfois tort, même quand elle a raison.

mardi 1 juin 2010

Le petit Mercredi politique de gaets n°4 : David & Goliath

Petit repostage d'actualité.

La situation au Moyen Orient a toujours été une belle pagaille. Depuis 1948 et la création d’Israël, on ne peut pas dire que la paix ait été très présente dans la région. Le fait de vouloir représenter ce conflit comme une guerre de religion, ou un combat entre le beau et démocratique Occident contre le barbare et moyenâgeux Orient, n’ai qu’un joli effet d’étiquettes à peine capable de camoufler la complexité des faits.
La première chose à se mettre en tête en parlant de ce conflit, c’est que, d’un certain point de vu, il est religieux. Pour les Palestiniens, comme pour les Israéliens, la religion d’état est plus qu’un simple fait. Avoir des parties politiques ultra-orthodoxes ou islamistes (dont les idées sont étrangement proches, en particulier sur la condition de la femme) ne surprend personne, sauf dans la vieille Europe, où la laïcité des gouvernements est devenue un fait établi. Si ce conflit s’est envenimé, une part des responsabilités peut en être imputée à ces partis religieux, qui ne cessent de réclamer l’annihilation de leur voisin. Le genre de théorie de complot qu’ils peuvent inventer est effarant. Dans le désordre, citons la conspiration juive derrière l’affaire Lewinsky, dans le but de déstabiliser Clinton, le premier président américain à vouloir reconnaitre la Palestine, ou encore la supposée islamisation des pays occidentaux, en particulier depuis l’élection de Barack "Hussein" Obama…

Ensuite, le conflit en lui-même prend des tournures très différentes selon de quel côté de la frontière on se trouve. En Palestine, le terrorisme est devenu l’un des derniers moyens d’expression. Beaucoup d’israéliens (et d’occidentaux) ne veulent voir dans le terrorisme que la folie, la barbarie aveugle et le résultat des luttes de pouvoir entre groupes (c’est à celui qui fera les plus grands massacres). Le terrorisme traduit la souffrance d’un peuple. Les gamins de 15 ans qui se font sauter au milieu des places de Jérusalem ne sont pas les "méchants" à opposer aux "gentils" soldats israéliens. Voilà ce que dit Louise Richardson, irlandaise, presque membre de l’IRA à 14 ans (donc elle sait de quoi elle parle), aujourd’hui rectrice de l’académie de St Andrews et l’une des plus grande spécialiste mondiale du terrorisme : “Dans le processus de radicalisation, il n’y a pas de différence fondamentale entre les terroristes et le commun des mortels. Ce sont des gens comme vous et moi. Et, très souvent, ce sont des idéalistes. […] Le terrorisme est une tactique, et la terreur une émotion. Aussi cela n’a-t-il aucun sens de déclarer la guerre à l’un comme à l’autre." Beaucoup pensent que tenter de parler avec les terroristes, comprendre leur motivations et essayer de remédier aux problèmes qui les ont poussé sur cette voix, c’est collaborer. Ce discours a été répété des centaines de fois par les parties au pouvoir aussi bien en Israël qu’aux USA (où pendant un bon moment, discuter des décisions de Bush était considéré comme faire le jeu des terroristes). C’est pourtant le seul moyen d’empêcher la radicalisation d’un conflit comme celui qui se joue au Moyen Orient. Et la seule façon d’y arriver, c’est à travers la génération la plus jeune : l’éducation et la cessation des représailles sur les civils sont les seules choses qui empêcheront de nouveaux kamikazes de se présenter.
Pour ce qu’y est d’Israël, j’ai toujours pensé que la plupart des torts revenaient au plus fort des deux protagonistes, qui devrait (théoriquement) être plus responsable et montrer l’exemple. Mais je suppose que c’est assez naïf comme point de vu. On ne peut pas dire que les caprices américains et leurs attaques de cibles sans preuve soient vraiment de bons exemples aux yeux du monde. L’arrivée au pouvoir de l’extrême droite, appuyé par le parti russophone et les ultra-orthodoxes (on se demande comment ces deux derniers ont fait pour s’entendre) ne promet pas grand-chose de nouveau. Les deniers discours du gouvernement israéliens ne sont que pour rappeler que les palestiniens ne sont que des animaux et que la vie d’un juif vaut plus que celle d’un goy (et en particulier si ce dernier est musulman). Comment vouloir régler un conflit lorsqu’on ne reconnait même pas l’humanité de ses voisins ?
Quand à l’absence de réaction de la communauté internationale (et en particulier de l’ONU), je pense que ça vient surtout de cette absurdité de conseil de sécurité et du droit de veto de chacun de ses membres (et évidemment, des USA qui ne voteront jamais pour une intervention). Les reliques de la guerre froide continuent de nous pourrir la vie. Même les décrets de l’ONU ne sont pas appliqués. Le fameux mur entourant la Palestine a été déclaré 3 fois hors la loi et il continue d’être construit ! C’est un bel exemple d’une nation qui se veut résolument intégrée au monde que de refuser d’appliquer les décrets de la communauté internationale. Le désarmement du Hezbollah ne semble plus à l’ordre du jour non plus. Il semble que cet absence de réaction de l’ONU provienne un peu d’un sentiment mondial à la fois de honte et d’obligation envers le peuple juif (assez justifié, mais il ne faut pas que ce soit à l’encontre d’un autre de peuple).

Il n’y a pas grand-chose qui soit aujourd’hui en mesure de stopper aussi bien les attaques terroristes que les répliques sanglantes. Tant que ces actions seront "légitimes" ou tout du moins justifiées aux yeux d’un peuple comme de l’autre, il semble difficile d’établir une paix durable. Certaines voix commencent cependant à s’élever d’un côté comme de l’autre, principalement chez les israéliens, pour demander pardon pour les atrocités commises. Tant de haines accumulées sur plus de deux générations ne vont pas s’envoler du jour au lendemain, et il est vraiment dommage qu’une coalition droite - extrême droite se retrouve au pouvoir en Israël. Il ne reste plus qu’à espérer que les actions du genre de celle de Daniel Borenboïm et de son "West-Eastern Divan Orchestra" se multiplieront (ici).


Quelques ajouts de dernière minute au vu des informations du jour.
S’engager dans un processus de paix a toujours été risqué, surtout avec un passif aussi lourd que celui qu’ont accumulé les différents protagonistes. Or aucun des principaux acteurs (israélien, palestinien, syrien) ne semble être prêt aujourd’hui à se mettre dans une situation dangereuse.  De plus, les décisions importantes ne peuvent être prises que par des responsables puissants et respectés (dans leur camp, comme à l’étranger). Là encore, pas d’éclaircies à l’horizon, en particulier lorsqu’on sait que les prochains enjeux discutés sont immenses (Jérusalem, les frontières, les réfugiés) par rapport aux percées diplomatiques antérieures.
On pourrait espérer une plus grande implication américaine, mais plusieurs facteurs font plutôt penser à une mise à l’écart intentionnelle. La réputation internationale de négociateur de Washington est enterré (après deux guerres unilatérales sans précédents diplomatiques, on pouvait s’y attendre), et son image de superpuissance ne fait plus trembler le monde. Ensuite les contingences politiques américaines (les midterms) interdisent une trop grande implication du gouvernement en place sous peine de perdre le vote en cas d’échec diplomatique.
Enfin les Etats-Unis ne peuvent pas imposer la paix à des protagonistes qui n’en veulent pas. Et il semble que les gouvernements actuels du Moyen Orient ne soit pas très pacifiques : entre la coalition israélienne extrême-droite russophone/ ultra-orthodoxes et l’autorité palestinienne minée par le Hamas, on a de quoi se faire des cheveux blancs.
Il est à craindre que l’incident de la flottille humanitaire ne soit qu’un débordement supplémentaire de Tsahal caractéristique d’une escalade qui finira encore une fois par une opposition attentats suicide contre blindés.
Je suis généralement un optimiste mais la crise israélo-palestinienne semble être un sac de nœuds inextricable.

jeudi 27 mai 2010

Le Petit mercredi politique de Gaets n°5 : Suite

Quelques petits ajouts à l’article de la semaine passée.

Après quelques réflexions, j’ai enfin trouvé de quoi on pourrait qualifier le créationnisme. D’un point de vu scientifique, c’est une hypothèse. Au contraire de l’évolution, qui elle est une théorie (c'est-à-dire une hypothèse qui s’est vu valider par de nombreuses expériences). Evidemment, c’est là que la friction existe entre ceux qui voudraient voir le créationnisme dans les cours de biologie et les autres. Mais le principe scientifique est quelque chose de robuste qui a fait ses preuves. N’est pas théorie qui veut.

Dans le même registre, il existe une seconde "théorie" qui enflamme les débats. Elle s’appelle le Dessein Intelligent. Je ne me permettrais pas de la juger, parce que premièrement, elle est invérifiable (pour le moment) et deuxièmement, parce que je ne suis pas le mieux placé pour en parler étant donné qu’elle se rapproche dangereusement de mes croyances personnelles. Bref, la base de cette théorie est simplement de prendre celle de l’évolution et d’y remplacer le hasard des mutations génétiques par la main de Dieu. Encore une fois, pas de jugement sur le fond, mais je pense que si cette nouvelle façon de voir l’évolution se démocratisait chez les croyants, elle entrainerait un certain nombre de changements. Le créationnisme a l’avantage de nous faire croire que Dieu est proche de nous (un monde créé par Lui pour nous et seulement pour nous). Tandis qu’un Dieu dont la marge de manœuvre se trouverait entre la permutation des bases de l’ADN et la seconde loi de la thermodynamique serait un peu plus lointain. Est-ce que la Foi peut supporter que le divin n’intervienne pas dans la vie de tous les jours ? Pas sûr…

Sur ces sujets, je vous conseille de lire l’un des bouquins de Terry Pratchett (avec Ian Stuart et Jack Cohen) qui s’appelle Darwin’s Watch que j’ai commencé la semaine passée (heureuse coïncidence). Et pour ceux qui ne l’auraient pas compris dans le titre, oui, le livre n’est pas encore traduit.

Au passage, l’année 2009 était l’année de Darwin avec les 200 ans de sa naissance et les 150 ans de la parution de son œuvre De l’origine des espèces. J’espère que d’ici le prochain anniversaire, le créationnisme aura disparu.

Bonne fin de semaine à tous !

lundi 3 mai 2010

Le petit Mercredi politique de gaets n°5 : Des dinosaures et des hommes…


Eh oui, vous ne rêvez pas, avec autant de temps libre qu'un chômeur peut avoir et plein de choses (pas forcement) intéressantes a raconter, je reprends le clavier !
Et sur un blog tout a moi cette fois. Je vais sans doute y poster plein de choses un peu hétéroclites, j'espère que quelques trucs intéresseront certains d'entre vous. Je reposterais sans doute quelques articles que mes plus fervents lecteurs (comme si il y en avait beaucoup) reconnaitront.
Bref, place au sujet du jour !


Une étrange théorie venue d'outre atlantique (et qui se repend a grande vitesse) commence sérieusement a me faire grincer des dents. Il s'agit du créationnisme. 
Pour ceux qui ne seraient pas familier avec le sujet, petit résumé des faits : cette "théorie" (je mets des guillemets, parce que pour moi, ce n'en est pas une) explique comment l'univers a été crée il y a 7000 ans et qu'il n'a pas changé depuis : il est censé être un monde parfait créé par Dieu pour les hommes (et eux seulement) où les fossiles ont été mis sous terre pour nous bluffer parce que nous n'aurions pas pu supporter la vérité. Elle est en directe opposition avec les deux plus brillantes théories scientifiques du XIXème et XXème siècle, j'ai nommé la théorie de l'évolution et la physique quantique (qui, elles, sont bien des théories, puisqu'elles sont étayées par de très nombreuses preuves même si elles ne sont pas encore tout à fait vérifiées).

Alors qu'est ce que tout ça vient faire dans un article soit disant politique. Pas grand chose, je vous l'accorde, mais pour moi le créationnisme est une vraie aberration historique. Généralement, le monde ne replonge pas dans l'obscurantisme (car il s agit bien de cela) et le fait que cette absurdité se retrouve discutée et enseignée dans certaines écoles est une preuve que le dans certains domaines scientifiques et philosophiques, l'humanité régresse. Et croyez moi, ça m'écorche les doigts de le taper...

Donc, pour la petite explication, cette brillante thèse a été inventé par des Anglo-protestants qui prennent la bible un peu trop au pied de la lettre et pensent que l'homme est le summum de la création (ainsi que son centre). Pour vous donner une petite idée de la puissance de cette théorie outre atlantique, le dernier sondage donne 35% de la population qui pense que l'univers a 15 milliards d'années (ce qui est la bonne réponse, pas besoin d'appeler un ami ou de prendre le 50/50), 35% pense 7000 ans et 30% ne savent pas ou s’en foutent (au passage c’est la plus grosse population de ‘je m’en fous’ au monde). Financés par les très religieux nouveaux riches ultra conservateurs cités plus haut, une multitude de scientifiques tentent même ces derniers temps de trouver des preuves au créationnisme. Je vais vous en citer quelques unes, je pense que vous allez comprendre ce qu'est une preuve scientifique pour un créationniste et me dire si vous avez la même définition.

- La terre au centre de l'univers. Ouais, ouais, rigolez pas. Après le géocentrisme du moyen âge où on ne faisait que tourner les planètes et le soleil autour de nous, c'est bien cette fois ci l'intégralité de la création qui en regardant son nombril, posent ces grands yeux sur nous. Petite explication : quand on regarde le ciel avec des capteurs infrarouge, on distingue à 15 milliards d'années lumières ce qu'on appelle le "fond continu", une image du refroidissement initial de l'univers. Passons sur les détails. Ce rayonnement est partout autour de nous à 15 MM d'a.l. (imaginez une sphère avec nous pour centre). Pour les créationnistes, c'est la preuve que nous sommes au centre de l'univers. Sauf que tout point de l'univers connu est au centre de cette sphère ! Le big bang n'a pas de centre, il s'est passé partout à la fois. On observe juste le refroidissement de la petite parcelle de matière qui se trouvait à notre exacte place il y a 15 MM d'années, projeté sur tout l'univers. cqfd

- L'oeil. Ah oui, une vrai fausse preuve. L'évolution nous posent de ces petits plaisirs de temps en temps. La théorie derrière le darwinisme, c'est que, si une mutation avantageuse se produit, l'individu porteur sera mieux adapté à son milieu, survivra, prolifèrera et toute l'espèce finira par être remplacé par ses descendants porteurs de la modification. Le problème de l'oeil, c'est sa structure ultra complexe. Impossible que l'oeil soit apparu chez certains poissons préhistoriques en une seule mutation. Mais impossible aussi que ce soit en plusieurs, parce qu'une mutation qui ne donne pas d'avantages (comme les mutations qu'il auraient fallu aux premiers stades de développement d'un oeil fonctionnel) ne survit pas. Pas d'explications du côté scientifique pour l'instant. Un petit créationniste débarque et voilà son raisonnement : puisque le règne du vivant est aussi complexe, il a forcément été créé par Dieu. J'ai pris l'oeil comme exemple, mais il existe deux ou trois autres trucs du même acabit qui chagrine les darwinistes et que les créationnistes attribuent au Grand Architecte : la plume, l'évolution vers les eocaryotes et l'appendicite. Quatre preuves négatives ("vous n'arrivez pas à expliquer, donc votre théorie est fausse, donc la notre est juste") pour remettre en cause toute la théorie de l'évolution qui ne s'est jamais trompée et qui a encore fait un bon en avant depuis la découverte de l'ADN. Impressionnant.

- Le champ magnétique de la Lune. Encore une énigme scientifique, qui provient du fait qu'on ne sait pas exactement comment s'est formé la Lune. Mais la contre proposition créationniste est très détaillée cette fois. Il y a même eu un doctorat au bout de ce papier (Ouais, sylvain on donne vraiment des thèses pour n'importe quoi aujourd'hui). Un passage obscur de l'ancien testament dit qu'au commencement, toutes les sphères célestes (comprenez toutes les étoiles, les planètes, la lune, tout... Sauf la Terre, on est toujours spéciaux !) était faites d'eau. Donc un petit calcul rapide sur un ordinateur estampillé "holy intel inside" en prenant en compte une lune faite d'eau avec une vitesse de rotation bidon, un changement brusque d'état de liquide à solide il y a 7000 ans et paf !! Pile poil le bond champ magnétique à un pouillème près. Voilà, vous avez devant vous la seule et unique preuve (pseudo) scientifique d'un univers vieux de 7000 ans. Bienvenu chez les créationnistes...

Tout ceci pousse les ultra religieux américains à réclamer que le créationnisme soit enseigné dans les écoles comme théorie alternative à tout le reste, sous prétexte que toutes les explications se valent tant qu'on a pas prouvées l'une d'entre elles.
Toutes les théories ne se valent pas. Par exemple je suis a peu près sûr qu'au jour d'aujourd'hui, personne n'est capable de prouver que l'univers est né du big bang ou de l'explosion d'une hypothétique piñata suprême mais je suis prêt à parier qu'une de ses deux thèses explique plus de choses que l'autre...
Les créationnistes vont même jusqu'à prétendre que les scientifiques, en décriant leur théorie, sont devenus une nouvelle inquisition, comme l'église catholique avec Galilée. Le monde à l'envers. L'obscurantisme se battant avec les armes modernes de l'information. Un comble...

Pour conclure, je me permets juste d'ajouter que si Dieu existe (je suis personnellement croyant, si certains d'entre vous ont un doute après la lecture de tout ça), il est raison suprême. Donc utiliser sa raison pour expliquer les mystères de l'univers, ce n'est pas lui faire affront. C'est même plutôt le contraire.


Âme

En préambule, posez vous cette question : possédez vous une âme ?
Il n y a pas de mauvaises réponses a cette question, quoi que puissent en penser aussi bien les croyants les plus fervents, comme les antithéistes (ou scientifiques ou philosophes) les plus virulents. Mais que l'on choisisse une réponses ou l'autre (ou aucune des deux, en bon sceptique qui refuse de se mouiller), les questions qui en découlent sont nombreuses.

Tout d'abord, si âme il y a, (et en omettant toute croyance en une entité supérieure) seul les humains en sont ils dotés ? Les animaux ? Nos proches cousins les grands singes ? Est ce un caractère inné ? Un bébé de quelques heures en possède-t-il une ? Et un fœtus de quelques jours ? Et si oui ou non a chacune de ses questions, pourquoi ??

Et si nous ne possédons pas d'âme, si tout ce que nous ressentons, vivons et pensons n'est que le fait de processus biochimiques, d'où provient notre éthique ? Est ce un rêve halluciné de milliards d'humains dopés à la culture anthropocentrique ? Je suis a peu près sûr qu'en réduisant l'univers à son état élémentaire, on ne trouvera pas une seule particule de justice, d'équité ou d'amour (quoique... un des 6 quarks a été dénommé love, vive les scientifiques !). Pourtant, ces valeurs sont réelles, elles guident une multitude de nos actions quotidiennes. Si elles ne sont pas "écrites" dans notre hardware, cela signifie que nous les apprenons, qu'elles sont variables, changeantes (aussi bien à l'échelle d'une vie qu'à une échelle historique) et finalement humaines... Donc nous prenons pour absolues des valeurs que nous inventons au fur et à mesure. Flippant, non ?

Bref, être ou ne pas être, telle est la question...

vendredi 30 avril 2010

Perception

Nous percevons le monde à travers un kaléidoscope infini d'impressions mouvantes et de sentiments. Ils nous renvoient une image fractionnée mais au combien plus belle de la réalité. Et la question évidente serait : est ce la réalité qui engendre la perception ou le contraire ? Un évènement est-il significatif sans observateur ? De ce fait, l'imagination ne serait-elle pas le pouvoir suprême ?

Harmonie

Ecoute. Ecoute le battement de coeur du monde et comprends-le.
Ecoute et demeure. Apprends que ce battement te guide et te porte.
Ecoute et pleure. Car ce battement te précède et te survivra.
Ecoute et dors paisiblement. Ta vie s'intégrera en lui et y laissera sa marque.

mardi 20 avril 2010

Nature

Le royaume des bons sauvages n'est qu'un ersatz d'utopie. L'épicurisme et la conscience collective ont prouvé leurs limites par la stagnation.

But

La vocation des hommes n'est pas d'être, mais de devenir.

mercredi 14 avril 2010

Paix

La paix est pareille à un carillon de cristal : il suffit d’un souffle de vent pour détruire cette éphémère œuvre d’art et son dernier tintement résonne alors comme le glas de milliers de vies.

Le Temps

L’écoulement du temps a longtemps été considéré par la plupart des hommes comme un facteur adverse, une force contraire contre laquelle ils devaient lutter. Son inéluctabilité fait figure à la fois de figure d’élément concomitant et de rappel que l’entropie veille. Cependant voir la faucheuse en ennemi est une erreur, et l’entropie a prouvé qu’elle ne l’emportait pas sur la vie.
Le seul élément restant pour expliquer cette peur pourrait être la perte d’individualité à laquelle s’expose tout être vivant. La plupart des individus craignent pour leur immortalité mais uniquement par peur de se fondre dans un fond continu de souvenirs disparaissant peu à peu.
L’un des plus rudes moyens choisi inconsciemment pour lutter contre cet écoulement est sa segmentation. Réduire l’unité du temps en de plus petites valeurs additionnables et retranchables les unes aux autres, est, par essence, une méthode vouée à l’échec.
Les hommes ne comprennent pas que le temps a toujours joué en leur faveur : leurs plus grandes réalisations se sont construites pas à pas.