samedi 16 octobre 2010

Le petit Mercredi politique de gaets n°7 : Palin & Friends

Retour dans le pays le plus cher à mon cœur, tant l’endémique bêtise de certains de ses habitants en fait une cible toute trouvée aux nombreux petits problèmes de notre monde. Et le bouc émissaire du jour est… (Roulements de tambours)… Le Tea Pary !
Pourquoi tant d’acharnement me direz-vous ? Simplement parce que tout ce qui est produit intellectuellement, économiquement ou idéologiquement chez nos cher amis d’outre atlantique est voué à l’exportation. Et contrairement à ce que nous pouvons penser, en petits français très fiers de notre "exception", nous sommes d’excellents importateurs.

Il fallait s’en douter, l’élection d’un président démocrate (et noir par-dessus le marché) a poussé à une escalade de démagogie et à une violence accrue de certains groupes. Un nouveau parti politique semble se trouver à l’intersection de ses deux mouvements : le Tea Party.
Petit cours d’histoire, Boston 1773, un petit groupe de protestataire s’empare de 3 frégates anglaises chargées de thé, en réponse à la taxation exorbitante des treize colonies par l’empire britannique sans représentation des dites colonies au parlement londonien. C’est le premier mouvement de révolte des USA contre l’Angleterre, qui aboutira quelques années plus tard à la guerre d’indépendance. Voilà pour la provenance du nom de notre très cher mouvement néo-néoconservateur.
Comprenez par là que le Tea Party prône la désobéissance civile et la révolution face à des mesures gouvernementales qu’il trouve injustes, voir même anticonstitutionnelle, à en croire certaines têtes du parti. Et attention, lorsqu’on est soupçonné de s’attaquer à la constitution aux Etats-Unis (même si on est le gouvernement), c’est pire que si on s’en prenait à la Bible. Oui, même si elle a aujourd’hui plus de deux cents ans, la constitution ne saurait en aucun cas être changée, ni altérée. D’où un certain nombre de dérives que l’on connaît tous plus ou moins, comme le second amendement permettant aux citoyens de porter des armes, ou le troisième qui interdit aux policiers de rentrer chez les gens sans y être autorisés.

Le point d’accrochage avec le Tea Party ces derniers temps provient ici du fait que les deniers projets du gouvernement américain promettent une hausse des impôts pour pouvoir se financer (en particulier la mise en place d’une couverture médicale universelle). Et voilà que la conscience capitaliste se réveille. Plus d’impôts donc moins d’argent donc moins de consommation donc moins de libertés… En plus, l’état est vu aux USA comme une machine énorme et peu efficace qui coute beaucoup, entretient des paresseux et enrichie ceux au pouvoir (comme dans une dictature africaine). D’où la nécessité de le réduire au minimum.  
Le seul problème vient ici du fait que les impôts (dans les états développés) ne servent jamais à remplir les poches des gens au pouvoir (à part une petite part de corruption). Il sert généralement à entretenir des services publics, payer des retraites et de la santé. On peut toujours arguer de l’inefficacité des services publics, du trop grand nombre de fonctionnaires, cela n’a pas grand-chose à voir avec l’impôt en lui-même. La pensée égoïste qui consiste à se dire que ne pas payer d’impôt nous laisse plus d’argent est assez juvénile, je trouve. Nous avons tous des niveaux de vie relativement confortables dans nos petites démocraties.

Défendre bec et ongle l’utopie américaine du bonheur par la consommation et de l’individualisme est devenu le cheval de bataille du Tea Party. Et pour cela, ils ont trouvé une figure de proue à la mesure de leurs idées. Vous vous rappelez de cette sénatrice américaine venue du grand nord, qui devait se retrouver Vice Présidente si jamais McCain (le sénateur, pas la marque qui fabrique des frittes) se retrouvait élu en 2008 ? La petite Sarah Palin a fait son petit bout de chemin depuis. Devenue commentatrice politique dans une émission de l’ultralibérale chaine de TV FoxNews, elle est devenue l’égérie des anti-Obama.

Petit rappel des quelques valeurs défendues par la future candidate aux élections présidentielles américaines de 2012 : Sarah Palin est « pro-vie » (pro-life), c'est-à-dire qu'elle souhaite défendre la vie de la conception à la mort naturelle. Elle est donc hostile à l'avortement. Mais favorable à la peine de mort. Oui, parce que toutes les vies sont sacrées, sauf celles des meurtriers, des musulmans et des mexicains. Faut pas exagérer, c’est pas comme si ils étaient vraiment dignes de posséder des droits ces gens-là… Elles est aussi membre de la NRA (National Rifle Agency), l’agence qui milite pour que tout le monde possède une arme, elle est également opposée au mariage homosexuel et aux cours d'éducation sexuelle à l'école, préférant prôner l'abstinence sexuelle avant le mariage. Elle pense que le créationnisme devrait être enseigné dans les écoles et que le réchauffement climatique n’existe pas. Sur le plan écologique, elle a porté plainte à la cour suprême contre la décision du gouvernement de placer l'ours polaire sur la liste des espèces menacées et elle est partisane de l'ouverture à la prospection (pétrolière) de la réserve naturelle de l'Arctique.
Ah, elle mange aussi des bébés phoques au petit déjeuné et donne des pommes empoisonnées aux petits enfants… Euh… c’est peut être un peu trop là, non ?
Mais pourquoi est–elle aussi méchante ? Difficile à dire. Mais Miss Palin semble représenter assez bien les valeurs de cette droite ultraconservatrice.

Ces attaques sont elles trop faciles ? Un peu oui. Mais derrière le Tea Party se cache la phobie de l’état en général (et pas seulement de l’état providence comme on voudrait nous le faire croire). Et pour en cesser un peu avec les coups bas, il y a une vraie question de société sur la diminution du contrôle de l’état dans beaucoup de sphères. Vous pensez que c’est une bonne chose ? Moins d’impôts = plus de libertés ? Accrochez vous à vos baskets : les pays avec le plus fort taux d’imposition sont les moins inégalitaires et ceux où la richesse par habitant est la plus élevée.
Le retrait de l’état dans une multitude de domaine en France semble aussi se poursuivre. Dans le désordre : l’énergie, la finance, les transports en communs, la poste, la santé… On peut peut-être commencer à s’interroger sur le bien fondé de ce monde où tout serait libéralisé ? Quid de l’utopie capitaliste où la concurrence est reine ? Elle ne mène qu’à plus de pauvreté pour les plus pauvres et à l’exploitation de la main d’œuvre (c’est mon quart d’heure Arlette Laguiller). L’égoïsme est le moteur du capitalisme, où l’on envie toujours son voisin pour sa nouvelle voiture et où on ne s’intéresse pas au clochard en bas de chez soi.
Le libéralisme crée de la richesse. Il est sans doute le seul type d’agencement social a en crée autant. Mais il crée ne pas de civilisation.