jeudi 2 décembre 2010

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°8 : Man vs. Wild

La suprématie de la vie naturelle est un thème assez récurrent dans pas mal de mouvements actuels. L’idée majeure de ce "retour aux sources" est que la société (de consommation en particulier) nous corrompt, et que par voix de conséquence, comme dirait notre ami Francis, c’était mieux avant. Bref, que l’homme doit vivre plus près de ces instincts.
L’idée peut être poussée encore plus loin, en se disant par exemple que la loi de l’évolution (darwinienne) devrait régner dans le monde humain, que la nature ne connaît pas le "Mal" et que forcément, elle est, comme toute création, parfaite.
On peut encore penser que l’homme est l’aboutissement de la nature, son chef d’œuvre. Que l’on peut vivre en harmonie avec la nature, tout en ayant une place spéciale dans le cycle. Ou que l’humanité est (actuellement) inférieure d’un point de vu éthique au reste de la nature, parce que nous nous entre-tuons.
Quelques petites remarques pour remettre maintenant en doute la bonté de cette mère nature idéale :
Pour commencer, les notions de bien et mal sont humaines, comme celle de raison, de justice ou d’égalité. Pas la peine d’anthropomorphiser un processus non conscient comme l’évolution et lui coller des adjectifs qui révèle de l’éthique humaine. La nature (et l’évolution) n’a pas d’autre but que de survivre et de s’étendre. Elle n’a pas de compas moral (pas comme nous, que ce compas soit imaginaire ou réel).
Ensuite, nous ne sommes pas aboutissement de l’évolution, simplement parce qu’il n’y a pas de fin à ce processus. De plus, d’un point de vu strictement naturel (et donc pas humain), nous sommes aussi évolués que la première bactérie venue (Bon peut être pas… Le premier animal venu donc). En toutes choses, nous sommes sans doute même moins évolués, étant donné que nous n’appliquons pas la fameuse loi de la survie du mieux adapté.
Enfin, pour ce qui est de l’harmonie avec la nature, de quoi on parle exactement ? De laisser de temps en temps un loup ou un ours gagner et nous bouffer ? La loi naturelle n’est pas vraiment très agréable si on n’est pas tout en haut de la chaine alimentaire. Et le fameux "autrefois, on vivait mieux" est une absurdité de la pire espèce : il y a 200 ans, l’espérance de vie était de 30 ans et le taux de mortalité infantile de 200 pour 1000 à un an.

La culture a pris le relais de la nature dans la société humaine. Ce que la nature ne nous apprend pas par l’instinct pour faire un humain, nous l’apprenons, enfant, par la culture (ou l’éducation si vous préférez le terme). La méthode culturelle est d’ailleurs bien supérieure en efficacité et en rapidité. Nous dominons désormais très largement notre monde sans y être adapté, et nous lui faisons aussi beaucoup de mal (mais cela est un autre sujet).
L’évolution nous a porté jusqu’au stade d’homo sapiens, mais nous sommes devenus beaucoup plus que de simples singes aux pouces opposables, et ne nous trompons pas, ce qui nous rend humain, c’est bien cette culture et pas notre instinct.

Le règne humain est tout sauf naturel, et c’est une bonne chose, d’un point de vu humain.

PS : Le dessin de l'article est tiré du site Saturday Morning Breakfast Cereals que je vous recommande chaudement.

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