mardi 6 décembre 2011

Article express : refaites votre choix


Personnellement, je ne crois pas au destin, je crois aux choix (oui au pluriel). Alors oui, à l’heure de la physique ultra déterministe, ça peut sembler étrange mais je trouve ça à la fois étonnement exaltant et carrément effrayant. Dans un article précédent, je crachais légèrement sur la fameuse (ou fumeuse ?) théorie des univers multiples (ou Many Worlds Interpretation pour les anglicistes) qui prêche que tout ce qui est possible s’est accompli dans un autre monde. Je déteste philosophiquement cette vision en plus de sa valeur scientifique que je trouve nulle (je lui reconnais par contre la paternité d’une série TV qui a bercé mon enfance, mais qui se rappelle encore de "Sliders" ?). Elle nous donne l’impression que tout peut arriver, que tout est relatif et que nous aurions pu faire des choix radicalement différents dans des conditions identiques.
Quelques petits exemples pour illustrer tout ça : si nous sommes réellement en mesure de faire n’importe quel choix, alors il existe un univers où nous (l’humanité en général) avons fait tous les bons (d’un point de vu éthique) ergo le paradis existe. Oui, on peut être un athée convaincu et soutenir ce genre de chose par physique quantique interposée. Inversement et proportionnellement, un enfer doit trainer quelque part (à moins que ce quelque part soit ici ?).
Là deux choix s’offrent à vous : soit vous vous imaginez que jamais vous n’assassinerez votre voisin, et dans ce cas votre volonté et votre éthique se dresse contre les mathématiques et la physique et votre moralité devient une force aussi puissante que l’électromagnétisme. Soit vous continuez à penser que tout est possible et vous deviez peut être commencer à penser à vous inscrire à l’église la plus proche de chez vous.

Bien, maintenant que l’on a bien ridiculisé les physiciens quantiques, revenons à nos moutons. Tout ça pour dire quoi : beaucoup dépend des choix que nous faisons. Notre monde est construit sur une multitude de choix qui ont été fait à un moment ou un autre, consciemment ou pas. Toutes nos vies sont bercées par ces positions. Pourquoi avoir des sociétés modernes basées par exemple sur le déplacement privé des personnes ? Pourquoi un milliard de voitures et des dizaines de millions (je rigole pas) de km de route ? Il est évident que c’est une option, mais on aurait aussi pu faire différemment.
Quid de notre schéma économique ? De notre organisation familiale ? Notre système universitaire est basé sur les décisions arbitraires d’un empereur, et que dire de nos frontières, de notre langue, de nos codes vestimentaires ou même de nos avancés scientifiques ? Tous ces piliers de nos sociétés sont des écrans de fumées. Tout aurait pu être différent, le monde n’est pas destiné à être ce qu’il est actuellement (il n’est destiné à rien du tout).

Couplez tout ceci avec une prise de conscience du fameux effet papillon (toute action a des conséquences, parfois gigantesques, qui ne sont pas forcément anticipables) et l’histoire humaine prend un aspect presque tragicomique. Tous nos grands thèmes de sociétés devraient être passés à la moulinette du "réfléchissez bien, et refaites votre choix". Il n’y a pas de fatalité ou de destin, particulièrement lorsqu’il s’agit du futur de l’humanité. Tout est possible, tout est envisageable. 

mardi 25 octobre 2011

Article express : l’homme complet ou les fausses joies de la spécialisation


Il existe désormais depuis de nombreuses années une tendance étrange et bizarre avec laquelle le monde entier semble en phase, mais qui va presque à l’encontre de ce que nous pouvons souhaiter pour nous-mêmes : il s’agit de la spécialisation. Elle intervient dans de très nombreux domaines, mais elle est le plus visible dans nos choix d’études et de carrières.
Notre système éducatif nous pousse dans les domaines où nous sommes doués. Ça peut sembler normal, quelqu’un doté d’un esprit analytique sera plus efficace à faire des maths qu’à comprendre la philosophie. Et c’est finalement cette façon de choisir ses matières que nous appliquons un peu partout ensuite : chercher où nous sommes doués et s’appliquer à devenir encore meilleurs, enfin toujours plus spécialisés.

Juste une petite remarque comme ça en passant : vous connaissez beaucoup de véritables utopies où la société est super spécialisée en différents métiers et classes ? Pas vraiment, hein. C’est même carrément le contraire, les dystopies ("le meilleur des mondes" au hasard) montrent toutes en général des réalités où la prédestination a rendu l’homme esclave, l’enchainant dès sa naissance à une place, un métier et un rôle.
C’est sûr, le monde occidental du XXIème siècle est loin du darwinisme social, mais lorsque l’on s’imagine une société idéale, et par là même des humains idéaux, est ce qu’on ne se représente pas exactement le contraire d’humains spécialisés ? Je vois plutôt le monde futur peuplé de gens ayant des connaissances sur tout, pouvant aussi bien parler philosophie, physique, économie ou histoire.
Ce sont ces mêmes problèmes qui produisent aujourd’hui des scientifiques très forts dans leurs domaines extrêmement pointus mais qui sont incapables de s’intéresser à autre chose, voir qui considèrent tout le reste comme non digne d’intérêt.

Nous devrions mettre en place exactement le contraire de ce que nous faisons actuellement avec nos enfants : les pousser dans des domaines qu’ils n’apprécient que moyennement, ou dans lesquels ils n’ont pas de facilités. De même qu’on ne laisse pas un muscle s’atrophier sous prétexte qu’il ne nous sert pas trop pour l’instant, l’intelligence humaine et les connaissances qui lui sont liées représentent un corps complet dont il ne faut négliger aucun aspect.

Les hommes ne sont pas des outils spécialisés qu’il faut affuter et ranger dans les bonnes cases de l’atelier de la société. 

mercredi 5 octobre 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°17 : Enfants de la nuit


J’ai lu (ceci) à propos d’une question intéressante il y a quelques jours : le débat sur les premières formes de sociétés primitives et principalement sur la pression extérieure ayant poussée les hommes à se regrouper.
Plusieurs théories s’affrontent, la plus répandue voudrait que les tribus d’australopithèques se soient formées autour de l’idée de la chasse, ou plus exactement autour du sentiment de faim. Ça parait assez normal, la chasse coordonnée permettant d’attraper des proies plus grosses ou plus dangereuses, en réduisant les risques. D’où une jolie histoire où les petits êtres humains dépérissaient loin les uns des autres, avant de se regrouper autour d’un festin de mammouth (ce qui est faux, au passage, le mammouth ne vivait pas en Afrique centrale il y a 4 millions d’années). C’est touchant et très sympa sociologiquement, un passé où nous nous sommes regroupés pour partager, et cela nous donne aussi une image de chasseurs-cueilleurs de nos aïeuls. C’est aussi très très faux.
Le processus d’imagination menant à la mise en place d’un groupe de chasseurs travaillant ensemble va bien au-delà des maigres ressources de nos ancêtres simiesques, et surtout ne relève pas d’un impératif inné. Essayer de faire comprendre à un animal qu’il doit partager sa pitance est impossible, comment s’imaginer que ce type d’organisation est apparu tout seul ? La faim est un élément diviseur dans un groupe primitif, pas unificateur. De plus, n’importe quel grand singe est en mesure de se nourrir seul, pourquoi dès lors se coltiner une ribambelle de boulets qui piqueraient dans son assiette ?

Non, la première pression ayant regroupée les hommes est à la fois beaucoup plus simple et moins romantique. Et surtout elle répond au besoin le plus naturel qui soit : celui de dormir. Et oui, 6 à 8 heures de sommeil dans la nuit noire d’une savane remplie de prédateurs a quelque chose d’un peu flippant. D’où la nécessité d’assurer des tours de garde contre la multitude de choses aux dents pointues rodant dehors. Ce qui a poussé les hommes ensemble, c’est la peur de la nuit ! C’est à la fois risible lorsqu’on vit dans nos sociétés où c’est bien le dernier de nos soucis, et flippant de se rendre compter que la première organisation sociale fut basée sur un sentiment de terreur.
(Saturday Morning Breakfast Cereal !)
La société humaine est l’enfant de la nuit. Ce qui a pour effet un certain nombre de conséquences évidentes :
-      - Les premières sociétés étaient de modèle militaire : pas des chasseurs-cueilleurs mais des adjudants et des troufions. Et pas la version mignonne de la hiérarchie moderne, mais celle brutale d’une peuplade primitive.
-         - Les leaders de seconde génération furent religieux et ils sont apparus très tôt, là aussi à cause se la nuit. Une fois une organisation militaire mise en place pour la garde, il a fallut en effet s’occuper des autres peurs découlant du sommeil et des rêves, comme celle de la mort. Ce qui est donne au passage le rôle des parents dans une cellule familiale : protection physique pour le père, et spirituelle pour la mère. Et oui, les premières autorités religieuses étaient sans doute des femmes. Toujours intéressant dans nos monothéismes patriarcaux actuels…  

Une autre question que l’on peut se poser est que reste-il de cette première peur et de ces conséquences ? Les enfants ont pour beaucoup encore cette peur de l’obscurité et des monstres qui la peuplent, quelque chose qui ressemble pas mal à ce que devaient ressentir nos ancêtres dans la savane. Du coup ce sentiment semble atavique. Et que font-ils dans ces cas là ? Chercher la présence et la protection paternelle ou maternelle, bref la tribu la plus proche. Donc, contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, nous ne sommes pas encore débarrassés de cette peur primitive.
Le plus important ici est bien de se rendre compte que la société humaine s’est formée autour du sentiment de peur (peur de la nuit, de la mort et de l’inconnu en général), et donc la psyché, la culture et les interactions de l’humain moyen moderne découlent de ce fait. Il est tout à fait possible que nous ne soyons pas naturellement sociaux, voir au contraire égoïstes et solitaires, et que ce soit nos frayeurs qui nous poussent les uns vers les autres. Et contrairement à ce que les phrases précédentes laissent penser, ce n’est pas triste ou pathétique : la société humaine comme lumière au milieu d’un océan noir de peurs primitives, c’est plutôt un chouette accomplissement !

mardi 20 septembre 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°16 : Démocratie


Inspiré par ceci (merci théo !) et par Mars la bleue de Kim Stanley Robinson.

Le pouvoir au peuple. Ouais, bien sur… Combien d’entre vous ont vraiment l’impression d’avoir un quelconque pouvoir politique, de vraiment influencer les décisions qui façonnent  le pays ? Pas beaucoup j’imagine. Perso, moi non plus.
Et combien pense que ce pouvoir est entre les mains d’un petit nombre de personnes un peu trop proches des intérêts économiques d’une poignée de patrons ?
Et oui, notre joli gouvernement n’est démocratique que de nom.

Nous pensons que choisir nos maitres est la bonne solution plutôt que de se les voir imposés par la force des canons ou par décret divin. Mais ce n’est pas réellement ainsi que doit fonctionner une démocratie. Nous devrions être nos propres maitres, même si cela est flippant parce que ça nous rend responsable de ce qui se passe.
Et sérieusement, vous avez vu le genre de crapules qu’on met à la tête des états ? Berlusconi en Italie : l’homme d’affaire crapuleux qui contrôle les médias privés, Poutine en Russie : l’ex agent du KGB qui met ses ennemis politiques en prison, et chez nous Sarkozy : le traitre  proche ami des grands patrons (M. Bouygues serait pas le parrain de son fils par hasard ?) qui commence par quadrupler son salaire quand il arrive à l’Elysée. Et ce ne sont pas les pires. Le pouvoir attire les ambitieux et leur donne les moyens de faire à peu près ce qu’ils veulent. Même les hommes de bonne volonté finissent par être corrompus par le pouvoir. Rien de nouveau sous le soleil, ce problème est débattu depuis l’antiquité.
En plus, il y a l’immense problème que représente l’élection et ses trois piliers pourris jusqu’à la moelle : argent, médias et rhétorique, voilà ce qu’il faut pour remporter cet exercice. En quoi cela peut-il nous apporter de bons dirigeants ?


D’où un léger problème sur la signification même du mot démocratie, puisque, finalement, nous sommes plutôt dans un système d’oligarchie contrôlée par ceux que l’on nomme désormais les super-riches, les énarques et leurs amis. 
Comme vous le verrez dans la chouette vidéo de théo (accrochez-vous, ça dure quand même 1h30), il n’y a que peu d’exemples de "vraies" démocraties dans l’histoire, et une seule ressort vraiment du lot : la démocratie athénienne, de son invention au 6ème siècle avant JC jusqu’à sa décadence dans le populisme au 4ème siècle.
Pour simplifier, les athéniens ont choisi un moyen radical pour assurer l’égalité politique des citoyens : le tirage au sort, les mandats courts et l’impossibilité d’un second mandat pour la plupart des fonctions du gouvernement et de la magistrature, le tout doublé par une multitude de commissions de surveillance et par des referendums journaliers sur les affaires de la cité. Ça peut sembler un peu barjo comme idée, mais les bénéfices ont été nombreux. Dans le désordre :
-          La fin de la classe politique (et donc de l’oligarchie). Ben oui, dans une cité où tout le monde (sauf les étrangers, les femmes et les esclaves, faut pas pousser non plus) peut être choisi et tenu responsable de ce qu’il fait pendant son mandat, les citoyens s’intéressent aux grandes questions d’organisation et de gouvernance. Du coup, on ne laisse pas le pouvoir entre les mains d’une poignée de tribuns qui pense plus à eux-mêmes qu’à leurs compatriotes. Et le quidam lambda se forge une conscience et une culture politique, ce qui n’est pas négligeable.
-          La rupture du lien entre les super-riches et le gouvernement. Il est juste constitutif du tirage au sort : impossible de soudoyer des élus qui reste en place un an et qui sont surveillé par des commissions indépendantes. Donc adieu les avantages accordés aux soutiens de campagnes et retour au rôle de base du gouvernement : servir le peuple (et tout le peuple).
-          Une vraie responsabilité des dirigeants. Comme ils sont obligés de rendre des comptes à la fin de leur mandat (et qu’ils peuvent être jugés et condamnés), il vaut mieux qu’ils soient sûrs de ce qu’ils font.  Au passage, vous ne trouvez pas suprêmement débile que nos hommes politiques n’aient pas à défendre leur bilan lorsqu’ils partent ? ça éviterait peut être de se retrouver avec une dette qui crève le plafond ou des années d’avant élection vide de toute réforme mais pleines de fausses promesses (oui, je parle de 2011-2012).

Pour le coup, le livre Mars la Bleue reprend plus ou moins la même idée de démocratie, mais appliquée à une société future, qui après s’être battue contre un régime de multinationales, se demande quel genre de gouvernement planétaire adopter. Ce qui est intéressant ici, c’est de s’interroger sur la mise en place d’une démocratie telle que celle-ci dans le monde moderne. Le monde de K.S.Robinson est un peu différent du notre, la pression démographique liée à la surpopulation est remplacée par la pression environnementale d’une planète en cours de terraformation, la population est très largement composée de pionniers et la pensée scientifique est omniprésente. En dehors de cela, le principe de la société reste le même. Evidemment, ce nouveau type de gouvernement se heurte à l’hostilité des grands groupes et à l’héritage terrestre, mais aussi au scepticisme général.
D’où une liste de quelques problèmes que l’on s’attend à trouver sur le chemin vers ce modèle de démocratie :
-          Méconnaissance politique et amateurisme des gens tirés au sort : euh, ben non en fait. Vous croyez que nos dirigeants connaissent par cœur leurs dossiers, ou qu’ils sont des spécialistes ? L’histoire est remplie d’’exemples d’hommes politiques qui méconnaissent la réalité ou agissent de façon irrationnelle. Les bons administrateurs et gestionnaires de l’état ne le sont pas naturellement, ils bossent, comme tout le monde. Tout comme les tirés au sort le feraient. Quand à l’amateurisme, c’est plutôt une bonne chose : débarrassés des considérations partisanes, les membres du gouvernement ne seront que plus enclins à faire intervenir des commissions indépendantes, à chercher des réponses et à ne pas s’arrêter à la surface des problèmes.
-          La difficulté de mise en place, modèle uniquement viable pour une cité grecque de 20.000 habitants. C’est là que je me surprends moi-même en mettant en avant les fantastiques outils que je déteste en général : internet et les réseaux sociaux utilisés de manière intelligente. Les révolutions arabes semblent prouver que l’on peut véhiculer des idées politiques par la toile, alors pourquoi ne pas y organiser une partie des débats politiques ?
De plus, d’autre pays ont déjà des systèmes de gouvernement participatif (je deviens ségoleniste, on aura tout vu).  Nous n’avons pas tous la chance d’habiter en Suisse et de voter 3 ou 4 fois par an sur des sujets de société. Bon, la "démocratie" suisse est tout sauf parfaite, certains des derniers résultats directement dirigés contre la minorité musulmane montrent à quel point il est facile de mener le peuple par le bout du nez grâce aux médias et à la peur. Certaines institutions de contrôle y manquent encore. Mais l’idée que c’est au peuple de faire les grands choix de société est la base de la démocratie.
-            Trop compliqué, trop de changements, pas sûr que ça marche. Oui, c’est vrai, on peut garder un système pourri où les inégalités augmentent d’année en année, où les abstentionnistes se foutent de ce qui se passe à la tête de l’état mais hurlent quand même lorsqu’ils reçoivent leurs feuilles d’impôt. On peut aussi essayer d’améliorer les choses, mais c’est comme vous le sentez…

Il ne faut surtout pas croire que le peuple doit être guidé, parfois contre sa volonté, par les élites. C’est une sale excuse qui permet aux politiques de se montrer condescendant avec l’électorat et de faire passer leurs intérêts avant les nôtres. Le seul rôle des élites devrait être de nous instruire, de nous donner les clefs nécessaires aux choix qui s’imposent à nous, puis de s’effacer au moment de ce choix. Nous sommes suffisamment intelligents pour assumer une vraie démocratie. A nous de nous battre pour elle. ¡ Viva la Revolución !


PS : Après tout ça, instant musique. Je vous recommande d'écouter SuperHeavy, avec quand même Mick Jagger, Joss Stone, Dave Stewart (ancien Eurythmics), Damian Marley (le fils de Bob) et A.R.Rahman (auteur de la BO de Slumdog Millionaire). Bonne semaine à tous !

mercredi 31 août 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°15 : Intuition asymétrique, ou comment déshumaniser le camp d’en face.


Inspiré par cet article. Je vous recommande le site qui va avec.

Peut être l’ignorez vous, mais l’homme est une créature sociale, il ne se débrouille pas très bien tout seul. Depuis l’époque où nous étions des australopithèques africains, nous avons la manie étrange de nous regrouper en tribus, le but premier étant évidemment de faire face au danger ensemble.
Mais la vie en communauté suppose un certain nombre de lois et de codes qui varient rapidement d’un groupe à l’autre ce qui entraine une culture et des moyens de prouver son appartenance différents. On pourrait s’imaginer que ce phénomène est restreint aux très petits groupes de société primitive et c’est en effet là qu’il est le plus visible, mais nous avons trainé avec nous depuis des millénaires l’une de ses conséquences les plus perverses, l’intuition asymétrique.

Il est assez difficile de se rendre compte à combien de groupes différents nous appartenons. Dans chaque interaction sociale se développe tôt ou tard une codification particulière, des rapports hiérarchiques et une conscience d’appartenance. Ce qui fait que nous sommes humains, occidentaux, européens, parfois bressans pour les meilleurs d’entre nous (ou savoyards, bourguignons ou bretons pour les moins chanceux), scientifiques ou littéraires, de gauche ou de droite, impliqués dans des activités et des groupes d’amis différents… Bref, vous voyez ou je veux en venir. Et l’appartenance à ces groupes va de pair avec un besoin atavique de défendre leurs identités face à leurs homologues ou antagonistes. Et cela passe d’abord par considérer "son" groupe supérieur aux autres. C’est exactement cela que l’on appelle intuition asymétrique : le fait de distordre la réalité pour trouver des qualités à sa tribu et des défauts à celles d’en face, puis de ce contenter de ces simplifications pour traiter avec les membres adverses.
De nombreuses expériences sociologiques montrent que ce phénomène est bel et bien inconscient et qu’il touche tous les groupes, pas juste les supporters de foot. On l’a beaucoup analysé dans les groupes de jeunes enfants mis en compétition, mais il permet d’expliquer de très nombreux comportements qui semblent puérils lorsqu’on est extérieur au conflit. En politique par exemple, où les systèmes bipartites sont toujours sur le dos l’un de l’autre pour ce qui nous semble des broutilles. Ou bien la réaction des spectateurs lorsque deux équipes s’affrontent. Ou encore la diabolisation de l’ennemi pendant et après touts les conflits, avec l’encensement du vainqueur qui va avec.
Je ne dis pas qu’il n’y a jamais de fond à ces débats, mais la certitude que son camp a raison et est le meilleur n’améliore pas la communication, en particulier lorsque tout le monde pense avoir des arguments concrets, non partisans et rationnels. L’intuition asymétrique nous met une immense poutre dans l’œil, et tout ce que nous pouvons voir est la paille dans l’œil du voisin, donc ne succombez pas à vos impulsions premières lorsqu’il s’agit de discuter des points de vu différents !

Le problème peut malheureusement devenir encore plus grave. Lorsque deux communautés s’accrochent sur  des points particulièrement importants, le processus d’intuition asymétrique peut carrément mener à la déshumanisation des adversaires et à un effet de croisade : ce qu’on appelle théoriquement une guerre "juste", mais qui n’en a que le nom. On en arrive à ce terme lorsque les rationalisations ne sont même plus nécessaires tellement la propagande a bien fait son travail de convaincre tout le monde de la supériorité d’un groupe sur l’autre. Les exemples de tels comportements sont monnaie courante dans l’histoire. Je vais juste en prendre un auquel on ne pense pas forcément : la supériorité américaine et anglaise de la 2nde guerre mondiale. On pourrait évidemment parler de l’idéologie allemande, mais ce serait trop facile.
La machine à endoctrinement a plutôt bien marché pendant cette période, et même si, en tant que vainqueurs de la guerre nous l’avons très largement oublié, la diabolisation de l’Axe a été féroce, jusqu’à la déshumanisation. Au hasard ? Hiroshima et Nagasaki, 2 bombes nucléaires, 600.000 morts civiles qui font de Harry Truman (très adulé dans son pays) l’un des plus grands criminels de guerre de l’histoire des USA. Oui, si la guerre s’était finie autrement, il serait sans doute devant un tribunal international. Rappelons aussi que du côté anglais les prêtres prêchaient la guerre sainte contre le démon allemand, et que l’on ne s’est pas gêné pour réduire des villes entières en cendre (comme Dresde, 300.000 morts civils).
 On pourrait encore en citer beaucoup d’autres, depuis le conflit israélo-palestinien, l’esclavagisme et les traites négrières, mais aussi la supposée supériorité intellectuelle française.

L’intuition asymétrique est un moyen de simplification formidable, il permet à la fois de  se rassurer sur sa place dans le monde et de coller des étiquettes à tout ce qui nous entoure (par exemple "ami" ou "ennemi"). Le problème c’est que ce n’est pas la vérité : le monde est complexe et les personnes qui y vivent encore plus. On ne peut pas traiter toutes les individus d’un groupe de la même manière sous prétexte qu’ils partagent quelques idées.
L’homme est désormais assez adulte pour ne pas répéter toujours l’erreur de voir le monde en noir et blanc. Considérez simplement que tout le monde est aussi compliqué (et complexé) que vous et cessez de juger à l’avance en fonction des cases dans lesquelles vous rangez les gens.

jeudi 18 août 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°14 : Anthropocène

Du grec anthropos (être humain), ce terme fait référence à la nouvelle époque géologique dans laquelle est entrée notre planète depuis que l’influence de l’homme serait devenue la force prépondérante de la géophysique du système terrestre.  Selon les théories (le terme a été inventé par Paul Crutzen, prix Nobel de chimie), cette époque commencerait soit avec la révolution industrielle du 18ème, soit avec le début de l’extinction des grands herbivores due à la surchasse il y a 18000 ans.
Cela peut sembler étrange de nommer une époque géologique d’après une espèce. Cependant, il est évident que certains organismes ont très largement modifié la composition ou la géologie de la planète. Et que certaines espèces ont elles-mêmes été responsables d’extinction de masse par leur action sur la biosphère.

Un exemple ? Les cyanobactéries. Parmi les premières formes de vie sur terre (3.8 MM d’années), elles ont littéralement bouleversées tout ce qui s’y trouvait à l’époque. Ces petites bactéries procaryotes sont les premières à réaliser la photosynthèse, et pendant 1.4 MM d’années, elles vont remplir les océans d’oxygène. Tout cela était très bien tant que les mers étaient pleines de fer, celui-ci réagissant avec l’oxygène (c’est ce qu’on appelle la « Grande Oxydation ») pour créer des dépôts de fer rubané (que l’on exploite partout dans le monde aujourd’hui). Mais à -2.4 MM d’année, tout le stock de fer des océans est épuisé, et l’oxygène se répand sous forme gazeuse dans les océans et l’atmosphère, ce qui pourrait sembler être une bonne chose. Ça dépend pour qui : toutes les autres bactéries de l’époque sont anaérobies, ce qui signifie que l’oxygène est un poison pour elles. C’est la première crise écologique terrestre. Il est assez difficile d’établir des chiffres précis pour un évènement aussi lointain, mais les spécialistes s’accordent à dire que 85 à 90% de la vie terrestre s’éteint à ce moment là.
Evidemment, pour nous, le rôle de ces organismes est plutôt positif : diminution du taux de CO2 jusqu’alors toxique, diminution de l’acidité des océans (c’est l’histoire du fer), création de la couche d’ozone et donc vie possible sur les continents et plus seulement sous l’eau, et surtout création de l’oxygène gazeux qui a permis l’apparition des espèces aérobies (dont nous). Mais les effets de la vie de cette petite bactérie ont changé aussi bien l’écosystème que la composition même de l’atmosphère, des océans et des couches géologiques.

Bon, il n’existe pas d’exemple plus extrême que celui-ci dans l’histoire terrestre ancienne. Mais il est arrivé très souvent que l’apparition d’une nouvelle espèce entraine la fin d’une ou plusieurs autres moins bien adaptées ou liées à celle-ci d’une quelconque manière. Les dinosaures herbivores du crétacé ont du par exemple survivre à l’arrivée des angiospermes (les plantes à fleurs) qui ont largement et très rapidement remplacés leurs cousins fougères et conifères. Ils ont mis quelques millions d’années à s’adapter à ce nouveau type de fourrage et laissé derrière eux une bonne centaine d’espèces qui apparemment n’appréciant pas les tulipes.

(yuumei on deviantArt)
Par contre, il y a une espèce contemporaine qui est déjà responsable de pas mal de disparition d’espèces et qui pourrait entrainer la terre vers une sixième extinction planétaire majeure. Vous voyez où je veux en venir ? Nos très cher paléontologues/biologistes/naturalistes pensent que nous sommes désormais à la limite holocène-anthropocène, qui sera marquée, comme toutes les autres limites d’époques géologiques, par une grande catastrophe pour la biosphère.
On évalue aujourd’hui que 40% des animaux et 70% des plantes sont menacés de disparaitre, que ce phénomène est en accélération et qu’il possède déjà une vitesse très supérieure aux cinq autres extinctions (dont plusieurs sont dues à la chute de météorites quand même, ou à des explosions de supernovae d’après les dernières théories). Oui, avec nos petits moyens, nous avons un potentiel de destruction de la vie terrestre supérieur à des évènements cosmiques. Très encourageant…
())Mais l’impact de l’humanité sur la terre va encore plus loin et certaines de nos actions risquent fort d’être irrémédiables, contrairement à la sagesse populaire qui s’imagine que la vie continuera sans nous. La nature a mis des milliards d’années à enfouir le carbone au fur et à mesure que la terre la rejetait et nous sommes en train de le remettre entièrement en liberté en brulant des hydrocarbures en à peine 200 ans. Nous avons même réussi à percer la couche d’ozone grâce à nos géniaux cfc. Rappelons que si le fameux trou d’ozone n’avait pas eu la bonne idée de se former au dessus des pôles (ce n’est pas un hasard, plutôt une histoire de thermodynamique), la région dépourvue de protection aurait été irradiée par des UV de hautes énergies (UV-c) et toute vie y aurait été détruite. De plus l’écosystème terrestre est composé d’engrenages délicats, et de beaucoup d’interconnections. Il est possible que nous en ayons déjà sapé irrémédiablement les fondations et que tout le bâtiment s’écroule bientôt.

L’immense différence entre nous et les autres espèces qui ont été à l’origine de la disparition de leurs congénères, c’est que nous sommes conscients (pas depuis très longtemps, mais bon…) de ce que nous faisons.  Ce qui devrait théoriquement nous pousser à changer les choses. Et, par un coup de chance incroyable, il se trouve que notre intellect de singe nous permet de faire aussi bien dans la destruction que dans la création et la préservation. Des idées plus ou moins folles ont vu le jour ces dernières années pour tenter d’inverser (ou tout du moins de tempérer) l’impact de l’homme sur la terre.
Dans le désordre :
-          les différents moyens de stockage du CO2, comme la dissolution avec des oxydes de fer dans les océans qui serait une véritable catastrophe pour la vie marine (mais bon, si ça nous permet de continuer de polluer l’atmosphère un peu plus longtemps ?). Ou encore l’enfouissement dans les anciens puits de pétrole, ou carrément l’envoi en orbite. Dans tous les cas, ce sont tous des projets pharaoniques, qui vont de la création d’usines automatisées sous-marines à la mise en place d’un ascenseur spatial.
-          La terraformation d’autres planètes/astéroïdes/lunes. J’en ai déjà parlé, donc je ne m’éternise pas là dessus, mais il est certain qu’une multitude de foyers de vie disséminés dans l’espace réduiraient d’autant les chances d’une extinction globale.
-          Le projet du génome de la biosphère ou la version moderne de l’arche de Noé. Le but, en plus de l’immense bénéfice scientifique, est d’enregistrer l’ADN de chaque espèce afin de pouvoir recréer celles-ci même si elles venaient à disparaître. Sans doute l’un des projets les plus gigantesques de l’homme, que l’on verra aboutir dans notre génération ou la suivante.
-          Les multitudes de projets d’énergies propres, des parcs éoliens aux miroirs solaires orbitaux, en passant par ITER. Personnellement, je pense qu’il n’y en a que ce dernier qui pourra avoir un impact significatif, mais après les mésaventures du nucléaire civil (que je  trouve très exagérées), il semble que ce ne soit pas celui qui est le vent en poupe.

Les problèmes qui découlent de la présence humaine au milieu de la biosphère ne manquent pas, mais même si l’on est un vrai catastrophiste (comme moi), on ne peut pas oublier que de multiples solutions existent. Le plus gros problème est de choisir la ou les solutions que nous mettrons en place au milieu de la foultitude qui seront proposées. Et de le faire en toute conscience, pour de bonnes raisons, en pensant aux générations futures, et pas juste pour sauvegarder notre mode de vie égoïste et destructeur.
L’anthropocène est l’ère de l’homme. A nous de donner un sens à celle-ci et de faire en sorte que cela ne devienne pas synonyme d’extinction de la vie sur Terre.

jeudi 30 juin 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°3 : Interesting Times

  Petit repostage/remaniement

  Il existe une ancienne malédiction chinoise qui dit « Puissiez vous vivre des temps intéressants ». Pour tout non initié à la philosophie de Lao-Tseu ou pour les réfractaires à l’œuvre de Pratchett, il est surement difficile de considérer cela comme une insulte ou une réplique de premier plan. Sauf que, évidemment, en y réfléchissant un peu, ça prend tout son sens. Quel est d’un point de vu historique la période la plus intéressante ? La Révolution Française où tout le monde se faisait dézinguer en permanence, ou le règne, aussi ennuyeux qu’insipide, de Louis XIV ?  Alors évidemment, pas de bol pour nous, il semble bien que notre Zeitgeist (ça veut dire « Esprit du Temps » en allemand) ait pris un coup dans l’aile avec la crise et que nous soyons, du coup, destinés (ou condamnés) à vivre des temps intéressants.
Un journaliste politique et historien américain dont j’ai perdu le nom a écrit il y a quelques années que l’Histoire était arrivée à son terme. Avec la victoire des Etats-Unis dans tous les domaines (politique, économique, idéologique,…) après la guerre froide, beaucoup partageaient sa vision d’un monde non plus seulement unipolaire, mais bien universalisé. L’avenir était radieux, les USA guidant le monde vers sa prochaine ère de paix, que l’on considérait même comme la dernière. Evidemment, pas mal de problèmes ont depuis secoué cette jolie utopie : les grincements de dents russes, l’hégémonie industrielle de la Chine, la radicalisation de certains pays arabes… Tout cela pouvait encore passer pour des sursauts nationalistes avant l’avènement de la Concorde, ce futur système d’ordre politique, mondial et social inventé par les plus brillants historiens et sociologues, et qui devait suivre les ères (dans l’ordre chronologique) barbare, tribale, féodale et démocratique. Je vous passe les détails, c’est une théorie très complexe mais assez intéressante.
Mais un problème bien plus grave s’est présenté : la première crise financière, industrielle et de consommation mondiale. Du coup, le capitalisme "traditionnel" qui devait guider le monde vers le paradis sur terre (et j’embellis qu’à moitié) vient de se prendre un revers assez colossal. Il semble donc que notre modèle actuel est plus de défauts que prévu. Et ne pensez pas surtout pas que cette crise soit financière, tel que beaucoup voudrait le faire croire. Elle cache des problèmes structuraux bien plus graves !
Mais commençons par le plus évident. Les dernières années de yoyo de la bourse ont eu au moins pour mérite de bien faire prendre conscience à tout le monde qu’il existe un grand dérèglement au niveau mondial, où une multitude d’opérations se trouvent dans une zone éthique grise et où aucun contrôle ne s’exerce. Dans un cadre politique mondial, l’ONU est cet outil de contrôle. Même si il a du mal à se faire entendre, ou si quelques uns le court-circuitent souvent en posant leur veto au conseil de sécurité (qui est une vraie relique de l’impérialisme et du colonialisme), il reste tout de même la conscience (indépendante ou presque) du monde et le garant de la paix.
Evidemment, et malheureusement, un tel organisme de contrôle n’existe pas dans le monde économique et financier. Et vu à quel point ces deux domaines influencent non seulement la vie du quidam lambda mais aussi celle de pays tout entier, il serait peut être temps qu’une autorité mondiale soit créée. En attendant les états se substituent à cet organisme et joue la carte du protectionnisme.

Vient ensuite la crise industrielle et de consommation. Oui, ça va ensemble, comme une espèce de boucle de rétroaction mal conçue. Comme les entreprises veulent augmenter leurs profits (c’est le credo n°1 dans toutes les boites de nos jours), elles ont recours à tout un tas de techniques qui ont finalement l’effet inverse de celui recherché à long terme. Dans le désordre : l’obsolescence programmée, la pression mise sur le dos des fournisseurs ou des sous-traitants, la délocalisation… Tout un tas de moyen d’augmenter artificiellement la consommation…
Un exemple plus concret ? le lobby de la très puissante industrie automobile a fait pression sur le gouvernement américain pour réduire l’argent alloué à l’entretien des routes (sous prétexte de faire économiser de l’argent à tout le monde). Résultat, système routier vétuste donc voitures qui s’abiment plus vite donc plus d’achat de voitures. Youhou consommation en hausse, tout le monde est content (excepté le petit ouvrier qui doit se racheter une tuture tous les deux ans) !  Sauf que ça revient à peu près à se couper un bras en espérant que la perte de ce poids mort vous fera avancer plus vite. Ça marche sans doute dix secondes.
Voilà l’un des plus grands débordements du capitalisme moderne : lorsqu’on commence à recourir à des procédés destructifs pour augmenter les profits pendant quelques années.

Certains pensent qu’il est temps de retourner à une économie plus régionale et protégée, plutôt qu’un grand marché mondial. D’autres, au contraire, pensent que le marché va finir par s’autoréguler, simplement pour sa propre survie. Dans tous les cas, il est important de se demander qui et à quoi doit servir l’économie telle que nous la connaissons : à générer de la richesse ? À faire vivre l’humanité selon certains standards matériels ? Est-ce qu’il faut ajouter un peu d’écologie dans tout ça ? À ces questions, la plupart des gens répondraient sans doute qu’ils désireraient un peu plus d’éthique et de responsabilité dans le monde des affaires. Mais ce serait comme de dire qu’il faut plus de dialogue dans le conflit Israélo-palestinien : c’est très louable, très naïf, et pour finir complètement hors de propos.
Autant être aussi clair que possible : le système économique de marché mondial n’est pas viable à l’échelle de la planète. Du moins pas pour très longtemps. Les prochains défis de cet économie seront sans doute la surpopulation (préparez vous tous à la politique de l’enfant unique dans le monde), l’écologie (ou au moins notre rapport à l’environnement : est ce qu’on vit comme un essaim de sauterelles et qu’on quitte la planète quand on a fini ?), le poids politique croissant des intérêts économique (qui a envie de voir des guerres entre multinationales ?) et l’établissement d’une identité "mondiale" qui ne soit pas trop en conflit avec les aspirations nationales. Il est à peut prêt certain qu’un problème de ce type serait en mesure de tout remettre en cause, alors plusieurs... Le temps risque réellement d’être compté !
On peut toujours éteindre un incendie avec un verre d’eau. Il suffit juste de le prendre à temps. Tant qu’à devoir changer, il vaut mieux le faire le plus tôt possible. Réfléchissez bien à comment régler tout ça. C’est sans doute des cerveaux de notre génération que sortira la solution.
Et préparez vous à vivre des temps intéressants…

jeudi 9 juin 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°13 : Economie de monde vide et conquête spatiale

Ah, la fameuse discussion sur le futur de l’économie mondiale. D’une façon comme d’une autre, il est évident que le système actuel arrive en bout de course. Plusieurs façons de s’en convaincre :
Tout d’abord, ce qu’on appelle le modèle "monde vide", où on observe principalement l’économie par rapport aux matières premières disponibles. Là, pas de miracle, la plupart des trucs enfouis dans le sol vont commencer à nous manquer rapidement : 2028 fin de l'étain (plus de téléphones), 2039  fin du cuivre, 2040  fin de l'uranium (plus d’électricité), 2050  fin du pétrole, 2072 fin du gaz naturel, 2087 fin du fer. Youpi ! Donc notre économie s’écroule dans moins de 50 ans.
Bon, ne soyons pas aussi pessimistes. Passons au modèle "monde plein". Là on ajoute la biosphère (plus ou moins renouvelable) et les infrastructures humaines (donc nos capacités de recyclage). Les prédictions sont là un peu plus joyeuses, nous laissant environ 150 à 300 selon les modèles. Mais pas de quoi s’emballer non plus.
Il n’y a pas des milliers de solutions à ce problème : tôt ou tard il faudra réduire quelque chose, soit notre consommation, soit le nombre d’habitants (par une politique nataliste à la chinoise ?). Les problèmes découlent de ce constat.

En premier réduire notre consommation, et pas seulement la "raisonner" comme certains le souhaitent parce qu’on est très largement au-delà de ce point-là. Notre petite planète ne peut pas supporter un style de vie occidental pour six milliards de personnes. Le recyclage ? Ça marche dans une certaine mesure mais nous sommes incapables de recycler tous nos produits à 100%. Les solutions comme les biocarburants ne sont aussi que des fausses bonnes idées. On ne parle même pas ici de la branche alimentaire de notre économie et de l’impact qu’elle a sur notre biosphère.
Pourquoi ne pas commencer à penser à des solutions plus permanentes que la consommation forcenée qui nous caractérise ? Vêtements qu’on garderait toute notre vie ? Alimentation raisonnée à partir de produits à impact minimum ? Transports non-polluants ? Appareils électroniques à longue durée de vie ? Toutes ces innovations sont d’hors et déjà possibles, mais simplement moins rentables que nos portables qu’on change tous les ans ou que nos voitures à or noir qui font tourner l’économie.
On peut quand même dire que les pays développés tendent de plus en plus vers une production plus écolo (est ce que ce sera assez rapide reste la grande question) mais de quel droit pourrions-nous imposer aux pays émergents de ne pas profiter de leur boom économique pour directement passer à la case production raisonnée ? Faire accepter aux 2,5 milliards d’asiatiques et aux futurs milliards d’africains qu’ils doivent se serre la ceinture (encore) pour le bien de l’humanité est un combat perdu d’avance. Du coup, les tensions  internationales (et les guerres) liées aux ressources vont se multiplier dans les années à venir.

Réduire la population mondiale n’est pas non plus quelque chose de très réjouissant. Et d’extrêmement difficile à faire accepter, quand bien même on est un régime dictatorial pseudo-communiste. Vous imaginez un parti politique occidental capable de mettre un programme de contrôle des naissances en place ?
Et puis franchement, est ce que c’est ainsi que l’humanité envisage son futur ? Coincé dans un système où l’on se restreint non seulement de trop consommer mais aussi de faire trop de gosses ? Ne faut-il pas un petit espoir de développement pour que l’homme se surpasse ?
L’avenir n’est donc pas très réjouissant. Si on ajoute à tout cela les (très) nombreux défis auxquels nous serons confrontés dans les prochaines décennies (le multiculturalisme, le dérèglement climatique, le terrorisme, la prochaine épidémie résistante aux antibiotiques, bref les quatre cavaliers et tout leur cortège) il est évident que l’humanité est condamnée à s’éteindre dans un futur plus ou moins proche.

Il reste une autre possibilité, une encore plus folle, quoique… Tous ces modèles et problèmes se basent uniquement sur le fait que nous ne disposons que d’une seule planète et que d’un seul foyer de population. Qu’est ce qui nous empêche d’aller chercher des ressources ou de s’installer ailleurs ? Un petit exemple : un astéroïde de type C troyen ou géocroiseur représente en moyenne une  masse de deux milliards de tonnes de fer et de nickel (et plein d’autre saletés) soit l’équivalent de 2 fois la production mondiale de ces minerais. Et les solutions pour en amener un en orbite terrestre ne sont même pas compliquées. 
Quand à l’aspect moral de la chose, le marasme psychologique ambiant provient en particulier du fait que nous ne possédons plus de nouvelle frontière à dépasser. Résultat, nous nous tournons vers l’intérieur, ce qui pourrait être une bonne chose si cela ne nous poussait pas à contempler notre propre mortalité et à la combattre par la recherche de distractions matérielles ou par le divertissement (cf. article précédent). L’individualisme qui en découle est l’un des plus grands dangers pour l’humanité. Nous manquons de défis et de buts unificateurs à toute une civilisation. L’espace pourrait en devenir un.
De plus, une multitude de foyers de peuplement permettrait d’éviter le problème d’une extinction de masse à cause des problèmes cités plus haut (ou comment donner tout son sens à l’expression "mettre tous ces œufs dans le même panier"). Il est très largement temps de se tourner vers la colonisation spatiale et d’arrêter de se regarder le nombril.
L’avenir de l’homme se trouve dans les étoiles.

vendredi 29 avril 2011

Mis à nu

La douleur met à nu l’individu. Elle le lacère et le découpe en tranches. Elle ôte chaque couche de vernis et d’éducation qui font l’être.
Et au moment où on suppose que l’on va trouver le cœur et l’âme, on se rend compte qu’il ne reste qu’un tas de chair sanguinolent exposé aux quatre vents. La douleur n’élève pas, elle ne sublime pas l’être. Elle le réduit au sens le plus littéral. Elle lui ôte chaque expérience, chaque comportement, chaque connaissance qu’il possède et l’enferme dans la contemplation de sa mortalité et de sa non-importance.
Du coup, la résilience tient plus de l’oubli et du cynisme que d’une vraie évolution de l’être. La vraie rémission est liée à l’acceptation et non à l’affrontement même de la douleur.

mercredi 6 avril 2011

Néo...

Un ange approche et le monde retient son souffle.
Petit, grand, blond, brun… Peut importe, ses parents l’aimeront toujours.
Un ange nait et la vie s’éclaire.
Son nom signifiera nouveauté, et ses parents en sont fiers.

Notre petit ange n’est pourtant pas toujours sage,
Et réussit même parfois à mettre ses parents en rage.
Mais  il est entouré d’amour,
Et grandit de jour en jour.

Le ventre de sa maman s’arrondit de nouveau,
Et voilà que le petit  ange se retrouve grand frère,
Voilà un bien étrange boulot,
Mais il en fait son activité prioritaire.

Le petit ange commence à tousser et le ciel s’assombrit.
Qu’est donc cette étrange maladie ?
Le petit ange s’envole et le monde s’arrête,
Plus rien ne sera plus jamais comme avant sur notre petite planète.

Ainsi commence une vie, ainsi se termine une histoire,
Celle d’un petit ange plein d’espoir,
Qui a marqué chacun de nous d’une façon ou d’une autre
Avec ses farces et ses sourires.

Et maintenant, petit ange, n’oublie pas,
Ta maman, ton papa et ton petit frère restés ici bas,
Veilles sur eux et souviens-toi,
Que nous pensons à toi très fort, où que tu sois.


Cela fait plusieurs années que je n’avais pas pleuré. Le fils d’un couple d’amis est décédé. Un petit bout de choux tout mignon, une tête blonde qui regardait le monde avec curiosité et envie. L’innocence incarnée.
Je suis quelqu’un de croyant.  Mais je n’ai pas de réponses à une douleur aussi immense. J’ai juste voulu écrire quelques mots qui se sont transformés en poème au fur et à mesure.
Perrine, Sylvain, Timotée, je pense à vous à chaque instant et je vous envoie toutes mes prières et tout mon amour.


dimanche 27 mars 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°12 : Du pain et des jeux !

La petite maxime de Juvénal pour décrire les besoins fondamentaux du peuple romain pourrait sembler très lointaine de nos quotidiens. Après tout, ne sommes-nous pas beaucoup plus évolués que nos ancêtres qui se satisfaisaient d’avoir le ventre rempli et une course de chars à regarder ? Cette maxime représente ce que Juvénal considérait comme nécessaire au peuple pour lui éviter de se rebeller… En bon Machiavel, il discutait avec ses amis politiciens de quoi faire pour garder son poste et donner à ses concitoyens ce qu’ils veulent. Il oubliait évidemment d’autres besoins évidents : besoin de sécurité, d’appartenance, etc… Tout ce qui fait une jolie pyramide de Maslow.
Mais voilà, aujourd’hui, il est évident que certains de ces besoins sont très largement remplis… Pour le pain les pays occidentaux ne craigne plus réellement la famine, pas plus que la pénurie d’eau ou le manque de logements, et la sécurité (civile en particulier) est très largement assurée (quoi qu’en disent les fanas de l’état policier). Donc reste certains besoins d’ordre plus psychologiques : désir d’appartenance et d’accomplissement… Ce qui est censé aider l’homme à s’élever.
Commençons par l’appartenance : Difficile de se sentir inclus dans un groupe uni par les temps qui courent. La famille ? Pas vraiment la valeur la plus sûre dans une société de divorces et de familles recomposées. Le travail ? Idem, pas facile de faire confiance à ses collègues dans des boites qui prônent la concurrence et le chacun pour soi. Reste quoi : le club de foot du coin, un bout de nationalisme et un peu d’intégrisme religieux ? Est-ce que ce sont les seuls groupes forts qui nous restent ? (Au passage, est-ce que par hasard on ne ferait pas tous partis du même bout d’humanité avec un chouette ancêtre commun ? Ça ne fait pas de nous tous des cousins et cousines du coup ?). Nous sommes devenus une grande famille d’unités.
Pour l’accomplissement, c’est encore pire. Les seules réussites dont on vante les mérites appartiennent aux sportifs et aux stars de l’écran ou de la chanson. Super exemple à donner aux générations futures. Attention, je ne crache pas sur les sportifs en général, dont on ne peut qu’applaudir et recommander la persévérance, la régularité, le sens du sacrifice, etc… Mais les seuls sportifs qui sont acclamés et riches sont des types bouffis d’orgueil qui font n’importe quoi de leur vie… Comment motiver qui que ce soit à faire de son mieux et à travailler dur quand tout est facile pour ses idoles ?

D’où une petite crise d’identité. Et un besoin impérieux de rechercher de nouveaux moyens de remplir son existence. Du coup, ces besoins d’accomplissement et d’appartenance ont été largement phagocytés par le besoin suprême du XXIème siècle : celui de se divertir. Il a doucement mais surement pris une place de plus en plus importante dans nos petites vies. Un bon moyen d’oublier nos petits tracas d’humains ? Pas si sûr… L’abrutissement a aussi ses limites. Mais nous continuons d’ingurgiter du loisir à tout-va, en remplaçant le colisée par la télévision (une coupe du monde de foot gagnée et c’est la liesse générale pendant plusieurs mois, on oublie tous les tracas du quotidien).


La distraction due aux divertissements est appelée par Huxley le grand mal. Avec la consommation, elle constitue les deux piliers de son utopie effrayante (lire aussi la "Zone du Dehors" de Damasio). Les loisirs ne sont pas un problème en soi, c’est juste qu’ils ne doivent pas servir qu’à se vider la tête, ils peuvent aussi aider à la remplir.
L’abrutissement généralisé pose un certain nombre de difficultés, en particulier dans la responsabilisation des citoyens (c’est d’ailleurs sur cela que comptait Juvénal pour les garder sous sa coupe). La faute dans ce domaine est très partagée : d’un côté le quidam lambda qui ne s’intéresse pas à grand-chose d’autre que sa petite vie et ses petits loisirs. De l’autre des politiciens, scientifiques, philosophes qui sont incapables de rendre leurs domaines accessibles au commun des mortels. Et c’est bien là qu’est tout le problème des démocraties modernes : elles considèrent que tous les citoyens sont cultivés, intéressés par la politique, conscients des enjeux et responsables. Ce qu’évidemment nous ne sommes pas. Aux élites de faire preuve de pédagogie dans ces domaines.

Ce qui est nécessaire au peuple n’est pas forcément ce qu’il réclame : du pain certes, mais des jeux, pas sûr…

lundi 21 mars 2011

(Petite parenthèse)

Une fois de plus, je hais mon pays et j’ai honte d’être français.
La vague populiste que subissent toutes les démocraties occidentales touche de nouveau la France. Et parce que la peur à toujours été le meilleur moteur de la politique, nous nous retrouvons avec un parti d’extrême droite qui grimpe.
D’où quelques petites prises de position de mon côté :

Je maudis tous les "nouveaux" électeurs du FN qui ont la mémoire de poissons rouges neurasthéniques. Quelques petits rappels : La famille Le Pen (père comme fille) a prôné au cours des années : la sortie de l’Europe, la sortie de l’OTAN, la fin de l’Euro, le retour de la peine de mort, la restriction de l’avortement (parce que défendre la vie c’est bien, mais pas quand il s’agit de criminels), l’abrogation des lois condamnant les propos racistes, la libéralisation maximale des entreprises… D’accord avec tout ça ?
(Dessin de Glez)
Pour ceux qui se serait laissés avoir par le faux discours sur la laïcité, rappelons que le FN est un parti raciste, qui a stigmatisé la population musulmane mais aussi la population juive il y a 35 ans (et qu’il n’a absolument rien de laïque quand on parle de religion catholique). J.M. Le Pen a été condamné à plusieurs reprises pour propos racistes (et antisémites), négationnistes, injurieux envers les malades du SIDA, pour apologie de crime de guerre mais aussi pour coups et blessures et menaces de mort (22 condamnations en tout, sans compter les appels). Toujours persuadés que le FN est un parti respectable ? Il ne l’est pas. Le populisme fait appel aux plus bas instincts pour rallier des électeurs. Raz le bol de voir des crétins se précipiter sur les bulletins de l’extrême droite parce qu’ils regardent Pernaut tous les midis. Il n'y a pas de menace terroriste en France, ni complot arabe pour y installer la charia.
Et s'il existe des problèmes d'immigration, il ne viennent pas des immigrés, mais de nous petits français qui de une, sommes incapables de les accepter comme citoyens et de deux, les avons entassés pendant des années dans des banlieues pourries.

Ensuite, je crache sur l’UMP qui s’est ingénié pendant ces dernières années à rendre les idées du Front acceptables et qui aujourd’hui refuse d’appeler à voter PS pour faire barrage.
Je remercie le centre et le PS d’avoir fait le contraire.

Et finalement je m’adresse à tous les abstentionnistes : il vous reste un tour de piste pour faire la différence !

jeudi 27 janvier 2011

Le petit Mercredi politique de gaets n°11 : Suite

La 5ème république et la laïcité sont devenues le cheval de bataille du FN, voilà qui a de quoi surprendre. Beaucoup parlent déjà d’une simple récupération surfant sur la vague du moment, entre bataille contre l’intégrisme et l’éternel combat entre nation et mondialisation.
Etrange en effet lorsqu’on sait par exemple que le patriarche Le Pen a été opposé à toutes les idées de De Gaulle (et qui mieux que le Général peut incarner la 5ème ?)
La laïcité ne consiste pas qu’à défendre une communauté. Tant qu’à prôner haut et fort la séparation de l’église et de l’état, pourquoi ne pas s’attaquer au financement de l’école privée ? Où à l’intégrisme catholique galopant qui est une base du FN ? Pourquoi toujours s’en prendre à la communauté musulmane ? Lorsqu’on se rappelle tout se que le père a pu dire sur les juifs, on peut s’interroger du bien fondé de ce que la fille raconte sur les arabes.

samedi 8 janvier 2011

Le petit Mercredi politique de gaets n°11 : Tant qu’il restera des politiciens

Ode au populisme

« Mes chers amis, enfin le glorieux temps des discours populistes est de retour. Oui, enfin nous pouvons à nouveau employer des phrases chocs sans aucune preuve ou chiffre, pour peu qu’elles aient un écho dans le collectif de peurs inconscientes.
Evidemment, nous ne pouvons que nous féliciter de ce retour à la bêtise des gens du peuple, qui, malgré un nombre croissant de sources d’information, nous écoute et, plus que ça, nous croit. Il semble que ce temps béni où les chasses aux sorcières était monnaie courante soit de retour.
Et désormais seule la franchise est nécessaire à un bon discours politique. Peut importe l’intelligence, la logique, la pondération ! Tant que l’on dit ce qu’on pense, on ne peut plus avoir tort !
Et comme la sagesse populaire a toujours raison (même au mépris du bon sens), dès que l’on rassemble plus de 1% de la population, nos idées sont défendables ! De plus, il est devenu tellement facile de pointer les défaillances des autres politiques, tout en oubliant que nous sommes des produits des mêmes écoles de pensée.
Bref, vous tous, racistes, xénophobes et imbéciles de tous poils de toute l’Europe et d’ailleurs, levez-vous ! Rassemblons-nous tous ensemble autour d’un seul projet : chacun chez soi !»

( PS : Si cher lecteur, vous ne m’avez pas reconnue, sachez que je suis blonde et future directrice d’un mouvement politique français réactionnaire qui essaye de passer aujourd’hui pour révolutionnaire sans changer ses idées… )

Oui, oui, le populisme est de retour dans la plupart des démocraties. On peut aujourd’hui regrouper sous ce drapeau une multitude de parties et de leaders : de Mélenchon et Le Pen chez nous, en passant par Berlusconi en Italie, Palin aux USA, l’UDC en Suisse, le PVV aux Pays-Bas, le SD suédois… La liste est longue. On retrouve aussi des accents de populisme chez des dirigeants politiques beaucoup plus proche de dictateurs comme Viktor Orbán en Hongrie. Mais ne mélangeons pas tout : les partis cités plus haut participent au débat politique, même si ils le font de façon lâche, basse, démagogue et malhonnête.
Le populisme se rapproche beaucoup du fascisme par son idéologie : opposition au parlementarisme (et à la démocratie et aux institutions démocratiques en général) et au capitalisme international, tout en exaltant des notions de patriotisme (nationalisme, identité nationale ?) et de "pureté" du peuple, à défaut de meilleur mot. On pourrait aussi dire qu’il ne considère pas tous les individus comme égaux, en particulier si ils sont étrangers ou n’ont pas la même religion.
Ça ne vous rappelle pas des choses récentes ? Dans le désordre : Opposition à la population musulmane ou des pays de l’Est, et aux institutions européennes (et à l’Euro) partout en Europe. Idem avec les populations mexicaines et musulmanes, et avec le gouvernement démocrate aux USA.
Ne nous y trompons pas : populisme et fascisme même combat !

Pourquoi ce retour en arrière vers ce qui semble être une méfiance accrue envers les autres peuples et les élites ?
On aurait pu croire que la multiplication des supports et de l’accès à l’information réfrèneraient ce genre de dérive. Il semble que ce soit le contraire. Est-ce une sorte de repli conservateur vers un certain nombre de valeurs qui semblent au cœur de la population visée ? Certainement. La peur d’un monde multifocal provoque une peur panique de l’inconnu. La plupart des gens considèrent que le monde est plus dangereux aujourd’hui qu’il l’était il y a 50 ans. Et pourtant, ils ont tort… la décennie 2000-2010 a été la moins meurtrière depuis 1840 (petit lien : http://www.herodote.net/articles/article.php?ID=1193). Alors, la surmédiatisation des problèmes serait elle à l’origine de ce sentiment de peur ?
Peu importe, les résultats sont, eux, bien visibles. Lorsqu’on est effrayé et ignorant, on recherche de boucs émissaires. Ça ne peut pas être de notre faute si les choses vont mal, se disent les bonnes gens, donc c’est quelque chose d’extérieur : immigration, réglementation européenne, libre marché mondial, élites gouvernementale ou scientifique qui ne comprennent pas le peuple…
Et d’un autre côté, l’utilisation de cette peur par les leaders populistes est facile : on s’empare du moindre fait divers et on le gonfle artificiellement. Un exemple ? Une femme qui conduit en niqab est contrôlée par la police de la route et on découvre qu’elle a un mari polygame. Tout te suite, levé de boucliers : on reparle du port du voile intégral et des allocations familiales versées aux familles d’homme polygame. L’affaire fait la une des journaux pendant trois jours et des lois sont votées immédiatement. Tout ça pour un contrôle d’identité ? Combien de personnes exactement ça concerne ? Est-ce que ça vaut tout ce boucan ? Y a pas des trucs plus importants ou qui méritent une célérité identique dans la réaction de l’état ?
Ce qui me choque le plus récemment n’est pas tant la réémergence de ses partis politiques : ils ont toujours plus ou moins existé. En revanche, le fait que leurs idées principales deviennent des sujets de débats nationaux et que les gouvernements les écoutent (et commencent même à utiliser leurs méthodes) est beaucoup plus problématique.
C’est à chacun de faire en sorte que les idées populistes restent là où elles devraient être : dans les livres d’histoire, pour expliquer les guerres du 19ème et début 20ème siècle.