jeudi 30 juin 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°3 : Interesting Times

  Petit repostage/remaniement

  Il existe une ancienne malédiction chinoise qui dit « Puissiez vous vivre des temps intéressants ». Pour tout non initié à la philosophie de Lao-Tseu ou pour les réfractaires à l’œuvre de Pratchett, il est surement difficile de considérer cela comme une insulte ou une réplique de premier plan. Sauf que, évidemment, en y réfléchissant un peu, ça prend tout son sens. Quel est d’un point de vu historique la période la plus intéressante ? La Révolution Française où tout le monde se faisait dézinguer en permanence, ou le règne, aussi ennuyeux qu’insipide, de Louis XIV ?  Alors évidemment, pas de bol pour nous, il semble bien que notre Zeitgeist (ça veut dire « Esprit du Temps » en allemand) ait pris un coup dans l’aile avec la crise et que nous soyons, du coup, destinés (ou condamnés) à vivre des temps intéressants.
Un journaliste politique et historien américain dont j’ai perdu le nom a écrit il y a quelques années que l’Histoire était arrivée à son terme. Avec la victoire des Etats-Unis dans tous les domaines (politique, économique, idéologique,…) après la guerre froide, beaucoup partageaient sa vision d’un monde non plus seulement unipolaire, mais bien universalisé. L’avenir était radieux, les USA guidant le monde vers sa prochaine ère de paix, que l’on considérait même comme la dernière. Evidemment, pas mal de problèmes ont depuis secoué cette jolie utopie : les grincements de dents russes, l’hégémonie industrielle de la Chine, la radicalisation de certains pays arabes… Tout cela pouvait encore passer pour des sursauts nationalistes avant l’avènement de la Concorde, ce futur système d’ordre politique, mondial et social inventé par les plus brillants historiens et sociologues, et qui devait suivre les ères (dans l’ordre chronologique) barbare, tribale, féodale et démocratique. Je vous passe les détails, c’est une théorie très complexe mais assez intéressante.
Mais un problème bien plus grave s’est présenté : la première crise financière, industrielle et de consommation mondiale. Du coup, le capitalisme "traditionnel" qui devait guider le monde vers le paradis sur terre (et j’embellis qu’à moitié) vient de se prendre un revers assez colossal. Il semble donc que notre modèle actuel est plus de défauts que prévu. Et ne pensez pas surtout pas que cette crise soit financière, tel que beaucoup voudrait le faire croire. Elle cache des problèmes structuraux bien plus graves !
Mais commençons par le plus évident. Les dernières années de yoyo de la bourse ont eu au moins pour mérite de bien faire prendre conscience à tout le monde qu’il existe un grand dérèglement au niveau mondial, où une multitude d’opérations se trouvent dans une zone éthique grise et où aucun contrôle ne s’exerce. Dans un cadre politique mondial, l’ONU est cet outil de contrôle. Même si il a du mal à se faire entendre, ou si quelques uns le court-circuitent souvent en posant leur veto au conseil de sécurité (qui est une vraie relique de l’impérialisme et du colonialisme), il reste tout de même la conscience (indépendante ou presque) du monde et le garant de la paix.
Evidemment, et malheureusement, un tel organisme de contrôle n’existe pas dans le monde économique et financier. Et vu à quel point ces deux domaines influencent non seulement la vie du quidam lambda mais aussi celle de pays tout entier, il serait peut être temps qu’une autorité mondiale soit créée. En attendant les états se substituent à cet organisme et joue la carte du protectionnisme.

Vient ensuite la crise industrielle et de consommation. Oui, ça va ensemble, comme une espèce de boucle de rétroaction mal conçue. Comme les entreprises veulent augmenter leurs profits (c’est le credo n°1 dans toutes les boites de nos jours), elles ont recours à tout un tas de techniques qui ont finalement l’effet inverse de celui recherché à long terme. Dans le désordre : l’obsolescence programmée, la pression mise sur le dos des fournisseurs ou des sous-traitants, la délocalisation… Tout un tas de moyen d’augmenter artificiellement la consommation…
Un exemple plus concret ? le lobby de la très puissante industrie automobile a fait pression sur le gouvernement américain pour réduire l’argent alloué à l’entretien des routes (sous prétexte de faire économiser de l’argent à tout le monde). Résultat, système routier vétuste donc voitures qui s’abiment plus vite donc plus d’achat de voitures. Youhou consommation en hausse, tout le monde est content (excepté le petit ouvrier qui doit se racheter une tuture tous les deux ans) !  Sauf que ça revient à peu près à se couper un bras en espérant que la perte de ce poids mort vous fera avancer plus vite. Ça marche sans doute dix secondes.
Voilà l’un des plus grands débordements du capitalisme moderne : lorsqu’on commence à recourir à des procédés destructifs pour augmenter les profits pendant quelques années.

Certains pensent qu’il est temps de retourner à une économie plus régionale et protégée, plutôt qu’un grand marché mondial. D’autres, au contraire, pensent que le marché va finir par s’autoréguler, simplement pour sa propre survie. Dans tous les cas, il est important de se demander qui et à quoi doit servir l’économie telle que nous la connaissons : à générer de la richesse ? À faire vivre l’humanité selon certains standards matériels ? Est-ce qu’il faut ajouter un peu d’écologie dans tout ça ? À ces questions, la plupart des gens répondraient sans doute qu’ils désireraient un peu plus d’éthique et de responsabilité dans le monde des affaires. Mais ce serait comme de dire qu’il faut plus de dialogue dans le conflit Israélo-palestinien : c’est très louable, très naïf, et pour finir complètement hors de propos.
Autant être aussi clair que possible : le système économique de marché mondial n’est pas viable à l’échelle de la planète. Du moins pas pour très longtemps. Les prochains défis de cet économie seront sans doute la surpopulation (préparez vous tous à la politique de l’enfant unique dans le monde), l’écologie (ou au moins notre rapport à l’environnement : est ce qu’on vit comme un essaim de sauterelles et qu’on quitte la planète quand on a fini ?), le poids politique croissant des intérêts économique (qui a envie de voir des guerres entre multinationales ?) et l’établissement d’une identité "mondiale" qui ne soit pas trop en conflit avec les aspirations nationales. Il est à peut prêt certain qu’un problème de ce type serait en mesure de tout remettre en cause, alors plusieurs... Le temps risque réellement d’être compté !
On peut toujours éteindre un incendie avec un verre d’eau. Il suffit juste de le prendre à temps. Tant qu’à devoir changer, il vaut mieux le faire le plus tôt possible. Réfléchissez bien à comment régler tout ça. C’est sans doute des cerveaux de notre génération que sortira la solution.
Et préparez vous à vivre des temps intéressants…

jeudi 9 juin 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°13 : Economie de monde vide et conquête spatiale

Ah, la fameuse discussion sur le futur de l’économie mondiale. D’une façon comme d’une autre, il est évident que le système actuel arrive en bout de course. Plusieurs façons de s’en convaincre :
Tout d’abord, ce qu’on appelle le modèle "monde vide", où on observe principalement l’économie par rapport aux matières premières disponibles. Là, pas de miracle, la plupart des trucs enfouis dans le sol vont commencer à nous manquer rapidement : 2028 fin de l'étain (plus de téléphones), 2039  fin du cuivre, 2040  fin de l'uranium (plus d’électricité), 2050  fin du pétrole, 2072 fin du gaz naturel, 2087 fin du fer. Youpi ! Donc notre économie s’écroule dans moins de 50 ans.
Bon, ne soyons pas aussi pessimistes. Passons au modèle "monde plein". Là on ajoute la biosphère (plus ou moins renouvelable) et les infrastructures humaines (donc nos capacités de recyclage). Les prédictions sont là un peu plus joyeuses, nous laissant environ 150 à 300 selon les modèles. Mais pas de quoi s’emballer non plus.
Il n’y a pas des milliers de solutions à ce problème : tôt ou tard il faudra réduire quelque chose, soit notre consommation, soit le nombre d’habitants (par une politique nataliste à la chinoise ?). Les problèmes découlent de ce constat.

En premier réduire notre consommation, et pas seulement la "raisonner" comme certains le souhaitent parce qu’on est très largement au-delà de ce point-là. Notre petite planète ne peut pas supporter un style de vie occidental pour six milliards de personnes. Le recyclage ? Ça marche dans une certaine mesure mais nous sommes incapables de recycler tous nos produits à 100%. Les solutions comme les biocarburants ne sont aussi que des fausses bonnes idées. On ne parle même pas ici de la branche alimentaire de notre économie et de l’impact qu’elle a sur notre biosphère.
Pourquoi ne pas commencer à penser à des solutions plus permanentes que la consommation forcenée qui nous caractérise ? Vêtements qu’on garderait toute notre vie ? Alimentation raisonnée à partir de produits à impact minimum ? Transports non-polluants ? Appareils électroniques à longue durée de vie ? Toutes ces innovations sont d’hors et déjà possibles, mais simplement moins rentables que nos portables qu’on change tous les ans ou que nos voitures à or noir qui font tourner l’économie.
On peut quand même dire que les pays développés tendent de plus en plus vers une production plus écolo (est ce que ce sera assez rapide reste la grande question) mais de quel droit pourrions-nous imposer aux pays émergents de ne pas profiter de leur boom économique pour directement passer à la case production raisonnée ? Faire accepter aux 2,5 milliards d’asiatiques et aux futurs milliards d’africains qu’ils doivent se serre la ceinture (encore) pour le bien de l’humanité est un combat perdu d’avance. Du coup, les tensions  internationales (et les guerres) liées aux ressources vont se multiplier dans les années à venir.

Réduire la population mondiale n’est pas non plus quelque chose de très réjouissant. Et d’extrêmement difficile à faire accepter, quand bien même on est un régime dictatorial pseudo-communiste. Vous imaginez un parti politique occidental capable de mettre un programme de contrôle des naissances en place ?
Et puis franchement, est ce que c’est ainsi que l’humanité envisage son futur ? Coincé dans un système où l’on se restreint non seulement de trop consommer mais aussi de faire trop de gosses ? Ne faut-il pas un petit espoir de développement pour que l’homme se surpasse ?
L’avenir n’est donc pas très réjouissant. Si on ajoute à tout cela les (très) nombreux défis auxquels nous serons confrontés dans les prochaines décennies (le multiculturalisme, le dérèglement climatique, le terrorisme, la prochaine épidémie résistante aux antibiotiques, bref les quatre cavaliers et tout leur cortège) il est évident que l’humanité est condamnée à s’éteindre dans un futur plus ou moins proche.

Il reste une autre possibilité, une encore plus folle, quoique… Tous ces modèles et problèmes se basent uniquement sur le fait que nous ne disposons que d’une seule planète et que d’un seul foyer de population. Qu’est ce qui nous empêche d’aller chercher des ressources ou de s’installer ailleurs ? Un petit exemple : un astéroïde de type C troyen ou géocroiseur représente en moyenne une  masse de deux milliards de tonnes de fer et de nickel (et plein d’autre saletés) soit l’équivalent de 2 fois la production mondiale de ces minerais. Et les solutions pour en amener un en orbite terrestre ne sont même pas compliquées. 
Quand à l’aspect moral de la chose, le marasme psychologique ambiant provient en particulier du fait que nous ne possédons plus de nouvelle frontière à dépasser. Résultat, nous nous tournons vers l’intérieur, ce qui pourrait être une bonne chose si cela ne nous poussait pas à contempler notre propre mortalité et à la combattre par la recherche de distractions matérielles ou par le divertissement (cf. article précédent). L’individualisme qui en découle est l’un des plus grands dangers pour l’humanité. Nous manquons de défis et de buts unificateurs à toute une civilisation. L’espace pourrait en devenir un.
De plus, une multitude de foyers de peuplement permettrait d’éviter le problème d’une extinction de masse à cause des problèmes cités plus haut (ou comment donner tout son sens à l’expression "mettre tous ces œufs dans le même panier"). Il est très largement temps de se tourner vers la colonisation spatiale et d’arrêter de se regarder le nombril.
L’avenir de l’homme se trouve dans les étoiles.