jeudi 5 janvier 2012

Le petit mercredi apolitique de gaets n°18 : De la nécessité de nourrir 8 milliards d’êtres humains


Et oui, la population humaine est en train de suivre une évolution qu’on attribuerait volontiers à celle d’une espèce de criquet qui dévore tout sur son passage avant de tous mourir faute de ressources. Évidemment, l’échelle de temps est un peu plus grande de notre côté mais il n’empêche qu’on se doute tous que la planète ne peut supporter qu’un nombre fini d’humains. Ce nombre, selon les spécialistes, peut varier de 4 milliards (on serait déjà en surpopulation) à une centaine de milliards pour une planète exploitée de façon optimale.
Dans un article précédent, j’exposais ma certitude que l’espace était notre nouvelle frontière et que c’est seulement en l'atteignant que nous pourrions assurer un avenir à l’humanité. Mais soyons honnêtes, même si nous étions en mesure de nous installer ailleurs, on ne transporterait sans doute pas des milliards de personnes jusqu’à cette nouvelle destination. La surpopulation va frapper notre petite planète tôt ou tard, c’est une certitude.

Le problème qui nous intéresse ici, outre ceux de place, d’accès à l’eau ou de tensions internationales, c’est celui de la mangeaille. Sachant que nous mangeons de plus en plus (3600 kcal/hab/jour pour les pays industrialisés alors que l’on peut se satisfaire de 2800) et que nous cuisinons de moins en moins, une foultitude de techniques ont été inventées pour fabriquer de la nourriture moins chère et en plus grande quantité. Depuis le bœuf cloné américain jusqu’à l’huile de palme indonésienne, en passant par les engrais, pesticides et autres OGM, l’industrie agro-alimentaire, contrairement à ce que l’on pourrait penser, est très consommatrice de “nouvelles” technologies.
Mais chacune de ces avancés nous éloignent de ce que nous considérons comme de la nourriture “idéale” qui serait produit dans des fermes bucoliques où les moutons et les choux seraient heureux.
Passons sur la débilité de cette image mentale, voilà où l’équation se complique vraiment : et si il était nécessaire de produire intensivement de la nourriture pour faire manger tout le monde ? Les premiers engrais chimiques de 1800 et la mécanisation des travaux agricoles ont probablement sauvé l’Europe de la famine. Et si nous vivons aujourd’hui jusqu’à 80 ans, c’est aussi en grande partie parce que nous mangeons beaucoup plus sainement, que nos aliments ne sont pas infestés de bestioles et de maladies. En clair, nous vivons mieux parce que nous arrosons nos plantes de pesticides.
Parlons maintenant des OGMs : je suis plutôt quelqu’un de prudent et je hais la façon dont certaines sociétés qui vendent des semences modifiées travaillent, mais où sont les preuves que celles-ci sont dangereuses pour la santé ? Faut arrêter l’obscurantisme ! Avoir peur de quelque chose parce que c’est nouveau, c’est de la bêtise caractérisée (exactement le même débat que ce que j’entends ces temps-ci sur les nanotechnologies). Si la recherche se poursuit et que l’on aboutit à ce qu’on nous promet (des plantes demandant peu d’eau pour la sécheresse en Afrique, ou immunisée à certaines maladies, etc...), pourquoi se priver de ces avancés ?

J’espère que vous l’aurez compris, je me fais ici l’avocat du diable, je ne suis pas un ardent  défenseur de nourriture mal produite. Cependant je ne peux m’empêcher de penser qu’il est impossible de nourrir 8 milliards d’êtres humains au bio (désolé Mélanie !), simplement parce que cela voudrait dire cultiver chaque parcelle de terre utilisable (et donc réduire l’écosystème sauvage, bonne prise de tête messieurs les écolos !), remettre tout le monde dans les champs et se préparer à des épidémies de choléra.
D’un autre côté, des progrès ont été faits : l’industrie agro-alimentaire française et européenne (ce qui signifie une minuscule part de la bouffe produite dans le monde) a effectué un virage pour le mieux. De très nombreux pesticides dangereux ont été interdits, les doses de produits chimiques réduites drastiquement et tout cela sans baisse de rendements. L’agriculture raisonnée fait son petit bonhomme de chemin dans les mentalités.

La crise alimentaire (flambée des prix et famine dans certaines régions du globe) commence lentement à pointer le bout de son nez. Elle est en plus très largement aggravée par la mise en place d’un marché d’obligations sur les récoltes et par le dérèglement climatique.
Quelques réponses à ce problème :
- Changeons nos habitudes alimentaires : nous surconsommons certains aliments qui coûtent très chers à produire. Un exemple ? La viande, avec le bœuf et le porc en tête en termes de consommation dans les pays industrialisés. Il faut 8kg de céréales pour produire 1kg de viande bovine, 5 pour 1kg de porc et seulement 1 pour 1 kg de volailles. Sans compter que les élevages bovins sont parmi les plus grands producteurs de gaz à effet de serre (le méthane) ! Il serait peut être temps de se raisonner un peu…
- Arrêtons de spécialiser des pays entiers dans une seule production : cacao en côte d’ivoire, huile de palme en Indonésie, les biocarburants dans les pays d’Amérique du sud et j’en passe… Une population devrait tout d’abord être en mesure de se nourrir soi-même. Et cela n’a aucun sens de faire voyager de la nourriture sur des milliers de km dans des soutes de cargo pour gagner quelques centimes par tonnes.
- Laissons leur chance aux nouvelles technologies agro-alimentaires. Tout ce que nous mangeons est issu d’un processus de croisement ou d’hybridation, et n’est en aucun cas naturel. Autant se faire une raison et essayer d’éviter de mélanger ce qui est issu d’une peur panique des technologies modernes (même genre de peur que celle du nucléaire) et ce qui est réellement mauvais pour nous.
- En finir avec la bourse qui met ses gros doigts dans le marché de la nourriture mondiale. Assurez la valeur financières de ses récoltes à venir est plutôt une bonne idée pour les paysans, mais il est complètement fou de jouer ce montant sur les places financières. C’est à un organisme international de réguler les prix des matières premières alimentaires si il y a une famine quelque part, pas aux traders de Wall Street.

Etonnamment, et pour finir sur une note encore plus grave, la crise alimentaire sera probablement l’aspect le moins épineux de la surpopulation mondiale, loin derrière l’accès à l’eau, la pollution et les tensions issues des disparités sociales.
Je vous laisse sur ces bonnes paroles et je vais manger mon quinoa-poulet du soir. Bon appétit !

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