lundi 23 avril 2012

Article express : Argumentum ad populum.


Bien, j’avais écrit un article il y a quelques mois pour cracher sur les électeurs du front national suite aux élections cantonales de mars 2011. Je réitère donc mes insultes à l’immense bande de crétins qui votent à l’extrême droite. Au moins, il est bon de se rendre compte qu’il y a un peu de constance dans ce monde de brutes…

L’idéologie du FN ne brille pas vraiment par sa nouveauté, en écoutant Marine hier soir, j’ai eu presque peur qu’elle glisse les mots "travail, famille, patrie" dans son discours et appelle à soutenir le maréchal coute que coute… Tous les sujets abordés par l’extrême droite sont vieux et dépassés : depuis le racisme primaire contre les étrangers jusqu’à la défense des "vraies" valeurs françaises (qui sont quoi au juste ? Jeter dehors les réfugiés des révolutions arabes et maintenir des dictateurs en place ?) en passant par la ruralité et la place de la France (F majuscule important, de préférence de taille XXL) dans le monde. Ce qui est intéressant, c’est que ces sujets étaient déjà démodés il y a 75 ans, alors pourquoi font-ils recette aujourd’hui plus que jamais ?
D’abord parce que nous, humains en général, sommes des imbéciles et que nous imaginons toujours que notre âge d’or est derrière nous. Pour les Le Pen, celui-ci se trouve il y a un siècle, avec un pays colonialiste, des valeurs familiales bien rigides et un patriotisme absolu. Et ce genre d’idylle parle au peuple, c’est une fable où les petits villages sont bien tranquilles et calmes, où les enfants vont à l’école non-mixte en uniforme, où le gendarme fait un grand salut aux ouvriers qui partent travailler. Bien entendu tout cela est faux, les progrès sociaux, économiques, scientifiques et éthiques sont absolument indéniables depuis le début du XXème : l’utopie d’une société meilleure est dans le futur, pas dans le passé…
Ensuite, impossible de savoir précisément si l’affaire Merah a joué un rôle dans cette poussée frontiste, mais on a déjà vu des psychoses faire basculer des élections. Passons immédiatement sur l’horreur de ces évènements, s’attaquer à des enfants est de la barbarie pure et simple, et révèle en plus d’une lâcheté sans borne. Même si l’émotion provoquée par ces actes est immense, il est important d’analyser aussi objectivement les faits : je me fais définitivement l’avocat du diable mais il est à peu prêt sûr que si les meurtres avaient liés à un psychopathe néo-nazi, les dernières semaines de campagne n’aurait pas eu la même orientation et le résultat aurait pu être différent. Pourtant ces meurtres auraient été les mêmes, issus de la folie d’un homme qui se croyait investi d’une idéologie ayant plus de valeur que la vie des hommes.

L’opinion du peuple est toujours changeante. Le fait que la majorité ait toujours raison (Argumentum ad populum, pour les non-latinistes) ne marche que dans le cadre d’une société bien informée, mature et réfléchie. Nous vivons dans une qui n’est aucun des trois.

Pour finir sur une note encore plus acerbe, un petit message à tous ceux qui n’ont pas voté hier et qui se plaignent ce matin des résultats : la prochaine fois, essayez donc de vous rappeler que dans certains pays frontaliers l’abstention est un délit (passible de 500 à 1000€ d’amende pour récidive au Luxembourg) et servez-vous un peu de ce droit fondamental pour lequel sont morts des milliers de citoyens.

mardi 10 avril 2012

Article express : les pouvoirs qui ce qui se cachent derrière la République


Notre charmante république, comme il a déjà été longuement débattu sur ce site, n’est pas aussi démocratique que ce à quoi on pourrait s’attendre. Une des raisons majeures de ce problème est le manque de contrôle du citoyen sur les institutions et le gouvernement.

En fait, la république est constituée principalement de trois pouvoirs (cf Alain):
-       Le pouvoir exécutif qui est monarchique, principalement. L’exécutif, c’est l’action, et par voie de conséquence, il faut quelqu’un qui commande. D’autant plus qu’avec des élections présidentielles très espacées, ils n’existent que peu de moyens de pressions sur un gouvernement en place.
-       Le pouvoir parlementaire et juridique lui plutôt aristocratique et oligarchique. Sa place plus ou moins prépondérante selon les pays provient principalement de la spécialisation et de l’expertise que requièrent la gestion et l’administration de l’état. Et ne nous voilons pas la face, la France possède un système administratif gargantuesque.
-       Le pouvoir de contrôle démocratique exercé par le peuple, autrement dit les élections et les referendums. Et oui, malheureusement, la démocratie n’est actuellement qu’un moyen de contrôle sur le gouvernement, pas un pouvoir décisionnel. J’en veux pour preuve le nombre de referendums de ces 20 dernières années : seulement 2.
Un autre moyen de faire valoir ses opinions existe pour le peuple : la manifestation ou la grève selon les cas. Le problème c’est que cette capacité n’est pas reconnue par les deux autres pouvoirs et n’aboutit pas nécessairement à un contrôle. Il représente plutôt une action révolutionnaire qui s’inscrit en dehors d’un fonctionnement normal de la République. Oui autrefois on coupait la tête de nos monarques, aujourd’hui, on marche jusqu’à Bellecour, mais le principe reste le même.
-       Certains voudraient voir un quatrième pouvoir dans les médias. Ce n’est pas toujours évident. La plupart des journalistes ont beau s’en défendre, ils restent quand même des êtres humains normaux avec des convictions, souvent sujettes à une pensée asymétrique féroce. Donc on ne peut pas vraiment parler d’un organisme indépendant qui ne ferait qu’enquêter et informer en toute objectivité. Il faut sans doute le rapprocher là aussi d’un moyen de contrôle du peuple sur le gouvernement et l’administratif, avec ses dérives.
-       Passons sur le pouvoir économique, qui influence de plus en plus les décisions des deux premiers. Sans doute le seul vrai pouvoir qui émerge des dernières décennies d’histoire. J’y reviendrais dans un futur article.

Tous ces pouvoirs s’affrontent constamment.
Le monarchique considère que l’oligarchique est trop lent et discutaille trop. Il veut plus d’action et de prise de positions. De même il trouve que le pouvoir de contrôle du peuple est trop aléatoire et changeant. L’oligarchique accepte mal de recevoir des ordres du monarchique ou du peuple, considérant qu’il est le plus spécialisé donc le mieux à même de répondre aux problèmes.
Le peuple quant à lui, dépositaire d’un pouvoir démocratique réduit à peau de chagrin, essaie principalement de survivre, désormais relativement conscient que ses choix en matière d’élections n’influence que peu l’orientation de la société. Noal Chomsky, dans sa grande connaissance des affaires mondiales, n’arrêtent pas de répéter que nos démocraties sont en fait des états despotiques extrêmement retors, qui fabriquent du consentement à coup de médias de masse et qui excluent le citoyen d’un quelconque rôle décisionnaire en oubliant bien consciencieusement de lui expliquer les décisions qui sont en train d’être prises…